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"Un sauvetage de Swissair était possible"

Corti, Swissair [Walter Bieri]
Pour l'ancien patron du groupe Mario Corti, le grounding de Swissair n'a été en aucun cas inévitable. - [Walter Bieri]
Dix ans jour pour jour après le "grounding" de Swissair, l'ancien patron de la compagnie aérienne défunte, Mario Corti, règle ses comptes avec l'élite suisse de l'époque. Il s'exprime dans une contribution à l'hebdomadaire alémanique Sonntag.

"Il n'existait et n'existe aucun doute qu'un sauvetage du groupe Swissair était absolument possible même après les événements tragiques du 11-Septembre", estime rétrospectivement Mario Corti. Le "grounding" et ses conséquences (lire: Grounding" de Swissair) n'ont été en aucun cas une catastrophe naturelle inévitable, relève-t-il.

"Le "grounding" et le sursis concordataire étaient prévus et ont été acceptés consciemment par les auteurs spirituels du plan Phoenix. La Confédération s'est décidée seulement ensuite à venir en aide, affirme Mario Corti. Aujourd'hui, on sait que ce fut une solution "très coûteuse".

Une confiance dans les élites helvétiques anéantie

"Ma confiance personnelle en certains représentants de l'élite helvétique a été en tout cas profondément et probablement anéantie pour toujours", écrit l'ancien patron. Reste à espérer que le "grounding" inutile et évitable de Swissair demeure une catastrophe unique qui ne se répétera pas, poursuit-il.

Aujourd'hui encore, Mario Corti aurait cédé son poste de chef des finances pour reprendre la direction générale de Swissair. "Je ne pouvais assurément pas me douter en mars 2001 que les assurances faites par les hautes sphères seraient sans valeur et que je devrais être confronté à l'infamie au cours de la crise."

Thomas Schmidheiny aussi très critique

Thomas Schmidheiny. [Walter Bieri]
Thomas Schmidheiny. [Walter Bieri]

Thomas Schmidheiny, ancien membre du conseil d'administration et actuel actionnaire principal du cimentier saint-gallois Holcim, critique également le rôle des politiques suisses dans une interview accordée à la "SonntagsZeitung".

"Je suis convaincu que Swissair aurait survécu avec une garantie de l'Etat", déclare Thomas Schmidheiny. Cette solution aurait calmé les créanciers et ainsi évité le naufrage de la compagnie aérienne. Le Conseil fédéral a échoué, conclut-il.

Le gouvernement a toutefois "appris du cas Swissair et injecté des milliards dans UBS". Dans un certain sens, Swissair était, au même titre qu'UBS, trop grande pour être laissée tomber en faillite, ajoute Thomas Schmidheiny. "Sans compagnie aérienne, la Suisse n'est pas rattachée au monde".

ats/rber

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