Cette annonce coïncide avec le 7e anniversaire des deux fillettes. "Je voulais faire quelque chose pour elles, je ne pouvais pas rester à la maison à ne rien faire", a expliqué Irina Lucidi, très émue.
"Nous voulons que quelque chose de positif sorte de cette expérience très difficile", a ajouté son frère Valerio Lucidi. "Tous les enfants ont droit à une protection accrue par rapport aux adultes", a souligné Irina Lucidii.
Sur le modèle d'organisations non gouvernementales (ONG) semblables en Europe, la maman a créé la Fondation Missing Children Switzerland. Première mission de cette ONG: le soutien aux familles.
Ligne d'urgence
Une ligne téléphonique d'urgence en quatre langues, accessible 24 heures sur 24, sera mise sur pied le 30 janvier prochain, exactement un an après la disparition d'Alessia et Livia.
Un conseiller prendra en charge le cas et fera l'interface entre la famille et les différents intervenants - policiers, juges, psychologues. Les enquêtes sont du ressort de la police, mais l'expérience européenne montre que de telles ONG peuvent jouer un rôle essentiel, a estimé Irina Lucidi.
Elles peuvent aider les proches, organiser des campagnes d'affichage ou susciter des témoignages qui nourriront l'enquête.
"Plus fréquent qu'on croit"
Deuxième mission de Missing Children: sensibiliser le public et les institutions à la problématique des disparitions de mineurs. "Ce phénomène reste peu connu en Suisse, alors qu'il est plus fréquent qu'on ne l'imagine", affirme Irina Lucidi.
Aucune statistique n'existe au niveau fédéral, mais leur nombre (fugues, enlèvements par des tiers ou par un parent) est estimé à environ 800 cas annuels dans le canton de Vaud, selon Irina Lucidi.
Au niveau européen, il se monterait à 140'000 cas par an en Grande-Bretagne et à 45'000 en France.
Améliorer le cadre légal
Troisième axe d'activités: le terrain juridique. L'Institut de criminologie et de droit pénal de l'Université de Lausanne sera mandaté pour réaliser une analyse du cadre législatif existant en Suisse et proposer des améliorations.
"La police vaudoise a parfaitement travaillé, dans le cadre qui est le sien actuellement. Nous pensons néanmoins qu'il y a des lacunes juridiques à combler", a expliqué Valerio Lucidi.
La procédure a ainsi manqué de rapidité les tout premiers jours, une diffusion plus rapide de l'avis de disparition aurait peut-être pu changer le cours des événements, estime la famille.
Sort des fillettes inconnu
Il n'y a aucune certitude sur le sort des fillettes, depuis que leur père ne les a pas ramenées comme prévu chez leur mère le 30 janvier dernier.
Des enquêtes sont toujours ouvertes en Suisse, en France, où le père a transité par Marseille et par la Corse, ainsi qu'en Italie, où il s'est jeté sous un train à Cerignola le 3 février.
Le nombre d'éléments factuels reste très limité, a souligné l'oncle des jumelles. La plupart des témoignages recueillis n'ont pas pu être corroborés par des éléments tangibles. Toutes les informations sont prises au sérieux et toutes les éventualités restent ouvertes.
ats/bkel/mre
Soutiens recherchés
Les frais de fonctionnement de la ligne téléphonique et de la fondation sont estimés à 500'000 francs par an. Les Lucidi ont lancé un appel à la générosité mais aussi aux bonnes volontés.
La fondation souhaite créer un réseau national de bénévoles prêts apporter une aide logistique sur le terrain.