C'est la société allemande Digi Task qui a mis au point ce programme espion appelé "cheval de Troie fédéral". Winfried Seibert, qui représente les intérêts de cette firme réalisant des logiciels sur mesure confirme que sa société a bien des clients dans les pays comme l'Autriche, les Pays-Bas ou la Suisse. Logiquement, des programmes du même genre ont donc été livrés dans ces pays.
"Je ne peux pas vous dire avec précision si nous avons livré en Suisse exactement le même programme que celui que nous avons livré en Bavière, je pense d’ailleurs que ce n’est sans doute pas le cas. Mais ce que je dis, c’est que notre entreprise Digi Task a un ou des clients en Suisse, qui a donc été livré par nous avec ce qui constitue notre spécialité, à savoir un programme de surveillance de télécommunications."
No comment du Ministère public de la Confédération
Qui sont alors ces clients? Selon la Deutsche Welle, il s'agit bien de clients publics. Contactée, la Police fédérale (Fedpol) nous a renvoyé vers le Ministère public de la Confédération, qui nous a répondu par écrit "ne pas pouvoir communiquer sur les ressources techniques et tactiques utilisées dans le cadre d'une enquête". No comment, donc, au nom du secret judiciaire.
Du côté des polices cantonales, on affirme ne pas utiliser ce type de logiciel, ni être en relation avec la société Digi Task."On pourrait avoir recours à ce moyen", souligne toutefois la police fribourgeoise, "mais elle serait soumise à l'autorisation d'un juge."
Révision de la loi
Le Préposé fédéral à la protection des données, lui, n'a pas connaissance de l'usage d'un tel programme, à un niveau fédéral ou cantonal. Il rappelle que, même pour un client privé, il est totalement interdit de pénétrer dans le système informatique d'un tiers. La base légale en la matière est très stricte.
Le Département de Justice et Police a d'ailleurs lancé la révision de l'ordonnance sur la surveillance par poste et télécommunications.
Yann Amedro
Un précédent en 2006
Si l'utilisation d'un logiciel pour espionner les télécommunications par les autorités devait être avérée, il ne s'agirait pas d'une première en Suisse. En 2006, la "SonntagsZeitung" avait révélé que la Confédération avait acquis auprès de la société ERA IT Solutions un programme espion permettant notamment d'enregistrer les conversations Skype d'un utilisateur.
En 2009, Ruben Unterreger, l'auteur de ce programme, avait rendu public son code source.