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Trop de tatouages contiennent des produits interdits

L'art du tatoueur. [terex]
Trop de colorants interdits sont encore signalés dans la composition de produits de tatouage et de maquillage permanent. - [terex]
Les tatouages ou le maquillage permanent pratiqués en Suisse continuent de trop souvent poser problème. Même si une "lente amélioration" a été constatée par les chimistes cantonaux, un échantillon sur deux testé cette année n'était pas conforme, avec notamment la présence de colorants interdits.

Une première campagne d'analyses effectuée en 2009 avait mis en évidence que trois échantillons sur quatre ne satisfaisaient pas aux normes légales. Une nouvelle série de contrôles effectués par l'Association des chimistes cantonaux de Suisse (ACCS) avec le soutien financier de l'Office fédéral de la santé publique a permis de constater qu'un échantillon sur deux n'est toujours pas conforme.

Colorants interdits

Ce taux est en diminution d'environ un quart car de nombreux fabricants et salons de tatouage ont réagi. Si la situation s'est améliorée en ce qui concerne la présence dans les produits de colorants azoïques, de nitrosamines ou encore d'ajout d'agents conservateurs non autorisés, les analyses ont montré que des colorants pourtant interdits dans la composition des produits de tatouage et de maquillage permanent sont trop souvent utilisés.

"Malheureusement, si les salons de tatouage ne peuvent pas toujours faire confiance aux fabricants quant à la qualité et au respect des normes suisses pour les produits qu'ils commercialisent, ils ne prennent pas assez au sérieux leur auto-contrôle et utilisent des produits qui ne sont légalement pas conformes", s'inquiète l'ACCS.

Législations différentes

En effet, un contrôle plus poussé de leur part sur la composition déclarée de ces produits leur permettrait déjà d'en limiter l'usage en éliminant ceux dont les ingrédients ne sont pas autorisés ou simplement ceux dont l'étiquetage est trop lacunaire sans aucune indication précise relative aux pigments ou aux agents conservateurs. Des exigences auprès des fabricants sont difficiles à fixer, car il existe des législations européennes différentes.

De plus, les fabricants peinent à trouver sur le marché des pigments de "qualité tatouage", ce qui les conduit à incorporer dans les préparations des pigments contenant des impuretés ou simplement mal définis.

De la laque pour automobile

Par ailleurs, les fabricants de pigments ont en règle générale développé et testé leurs produits pour d'autres buts d'utilisation, par exemple comme ingrédients de laque pour automobiles. Les producteurs de couleurs pour tatouage prennent d'abord en considération les propriétés techniques comme la résistance à la lumière ou la brillance. Destinées initialement à d'autres buts que la production de couleurs de tatouage, les données toxicologiques de ces pigments en contact avec des tissus vivants sont lacunaires, voire font totalement défaut.

Pour toutes ces raisons, les ingrédients de couleurs pour tatouage ne sont souvent pas déclarés de manière complète, soit parce que les fabricants connaissent de manière peu précise leurs produits et leur composition, soit parce qu'ils veulent protéger leurs secrets de fabrication. Dans les meilleurs des cas, ces ingrédients figurent sous la désignation "Preservatives" ou "Detergents". D'un point de vue protection des consommateurs, mieux vaut ne pas y toucher, selon l'ACCS.

Encore des contrôles

Au vu des résultats non satisfaisants encore enregistrés cette année, des contrôles réguliers des couleurs de tatouage et des couleurs de maquillage permanent doivent être poursuivis au cours des prochaines années afin d'éliminer du marché suisse les produits indésirables et faire pression sur les fabricants.

ap/pima

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