Modifié

Rentes du 2e pilier menacées d'une nouvelle baisse

La population suisse prend de l'âge. Le pays comptera 2,5 millions de personnes de plus de 65 ans en 2060.
Dans beaucoup de caisses de pension, les recettes trop basses conduisent à un gigantesque transfert des jeunes vers les plus âgés.
Les rentes de la prévoyance professionnelle sont menacées d'une nouvelle baisse. La réduction du taux d'intérêt des caisses de pension décidée la semaine dernière par le Conseil fédéral n'était en effet qu'un premier pas. Elle ne suffira pas à compenser la baisse des recettes. La Confédération prépare donc des mesures.

Le conseiller fédéral Didier Burkhalter reconnaît implicitement que les frais administratifs des caisses, avec 3,9 milliards de francs, sont trop élevés. "Le taux de conversion doit également être abaissé et rapidement et nous ne pouvons rien faire contre", a déclaré à Sonntag la vice-directrice de l'Office fédéral des assurances sociales (OFAS) Colette Nova.

"C'est toute la maison qui va s'écrouler"

"Les rentes sont trop élevées dans beaucoup de cas", a expliqué Colette Nova. "Des caisses de pension souffrent parce qu'elles sont obligées d'appliquer un taux de conversion de 6,8%; ces caisses perdent chaque année de l'argent", a-t-elle ajouté, estimant que les pertes se situent entre 300 et 600 millions de francs par année.

"Si les fondations d'une maison ne sont plus solides, un jour, c'est toute la maison qui va s'écrouler", a mis en garde la vice-directrice de l'OFAS. Elle sait que la baisse du taux de conversion ne sera pas simple car en mars 2010, le peuple avait refusé, à une majorité des trois quarts, d'abaisser le taux de 6,8% à 6,4%. La votation avait clairement montré que les citoyens n'accepteraient pas de baisse des rentes nominales.

"Payer plus pour le 2e pilier"

"Si on veut maintenant baisser le taux de conversion et maintenir les rentes nominales au même niveau, il n'y a au fond qu'une seule solution: nous devons payer plus pour la prévoyance professionnelle", a relevé l'ancienne syndicaliste. Ce qui signifie un prélèvement plus important sur les salaires ou une baisse du montant de coordination, ou les deux.

"Nous proposerons une palette de mesures possibles, et même de mesures transitoires, sur l'avenir du 2e pilier dans notre rapport qui doit être rendu au début 2012", a précisé Colette Nova. Le rapport de l'OFAS devrait aussi contenir des mesures relatives aux coûts administratifs élevés qui font l'objet de critiques et aux répartitions de bénéfices controversées dans les sociétés d'assurance vie.

Rentes de 30% à 40% trop élevées

Dans beaucoup de caisses de pension, les recettes trop basses conduisent à un gigantesque transfert des jeunes vers les plus âgés. "Les nouvelles rentes dont on parle sont de 30% à 40% trop élevées", a affirmé dans Sonntag Martin Janssen, professeur à l'institut pour la banque et la finance de l'Université de Zurich. Le transfert des personnes actives vers les rentiers doit donc être réduit par un paquet de mesures.

Dans un entretien accordé à SonntagsBlick, le conseiller fédéral Didier Burkhalter évalue à 3,9 milliards de francs les frais administratifs des caisses de pensions. "Il est donc clair: nous devons et nous baisserons ces coûts", a déclaré au journal dominical alémanique le chef du Département fédéral de l'intérieur.

Est-ce que les actifs qui ont aujourd'hui 30 ou 40 ans peuvent espérer toucher une rente? "Ne pensez pas toujours à la rente; vous êtes encore beaucoup trop jeune et devez travailler maintenant. Mais sérieusement, nous devons adapter notre système de rente à la réalité, sinon il ne sera effectivement plus sûr dans le futur", a répondu Didier Burkhalter.

Mercredi dernier, le Conseil fédéral avait décidé d'abaisser le taux d'intérêt minimal de 2% à 1,5%. Le gouvernement s'était aligné sur la proposition de la commission fédérale de la prévoyance professionnelle, qui justifie notamment cette baisse par l'évolution très négative du marché des actions.

La fixation du taux dépend surtout du rendement moyen à long terme des obligations de la Confédération et de l'évolution des actions, des obligations et de l'immobilier. La méthode de calcul combine placements pratiquement sans risque et placements risqués.

ap/hof

Publié Modifié