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La difficile interdiction de la publicité pour le tabac

L'industrie du tabac investit six fois plus de moyens dans la publicité en Suisse que les milieux de la prévention. [WALTER BIERI]
L'industrie du tabac investit six fois plus de moyens dans la publicité en Suisse que les milieux de la prévention. - [WALTER BIERI]
L'interdiction de la publicité serait le pas supplémentaire à franchir en Suisse pour progresser dans la lutte contre le tabagisme. Reste que faire passer un tel projet sur le plan politique relève du casse-tête pour les milieux de la prévention.

Les jeunes restent le public cible d'une industrie du tabac, qui cherche à renouveler sa clientèle. Or les études démontrent qu'une personne arrivée à l'âge de 21 ans sans fumer voit les probabilités de devenir accro à la cigarette tomber à 10%, a dit le professeur neuchâtelois Claude Jeanrenaud jeudi à Berne à l'ouverture de la 2e conférence nationale sur la prévention du tabagisme.

Face à une industrie du tabac qui investit six fois plus de moyens dans la publicité en Suisse que les milieux de la prévention, seule une interdiction large de la publicité pourrait être efficace, a poursuivi le professeur.

C'est en tous les cas la ligne défendue par la commission fédérale pour la prévention du tabagisme comme par l'Organisation mondiale de la santé (OMS) dans sa convention-cadre, signée par la Suisse, mais pas encore ratifiée.

La Suisse en retard

La Suisse ne reste pourtant pas inactive. Sur les cinq méthodes de lutte contre le tabagisme, elle en utilise quatre: les taxes, l'interdiction de fumer dans les lieux publics, l'information sur les dangers liés au tabagisme et les aides apportées aux personnes qui veulent arrêter de fumer.

Mais en terme de lutte contre la publicité, la Suisse est en queue de peloton européen et "fait moins bien que la Grèce". Reste que faire passer un tel projet sur le plan politique tient de la gageure.

"Nous ne savons pas comment aller plus loin", a avoué Bruno Meili, président de l'association suisse pour la prévention du tabagisme. Le milieu de la prévention est échaudé, car il a essuyé plusieurs échecs.

Le plus récent: le Conseil fédéral et la commission ad hoc du Conseil national ont rejeté une initiative populaire voulant renforcer la protection contre le tabagisme passif. Les cantons ont toutefois la possibilité d'aller plus loin que la législation en vigueur.

Baisse des risques avec l'interdiction de fumer

Parallèlement, les 200 participants à la conférence nationale, réunis à Berne pendant deux jours, ont pu découvrir les premiers résultats de l'étude COSIBAR toujours en cours.

Elle montre que l'interdiction de la fumée passive dans les lieux publics a déjà entraîné une baisse des risques d'infarctus du myocarde pour le personnel. Ces résultats plaident aussi pour que tous les cafés, bars et restaurants soient sans fumée.

Trop d'employés restent exposés au tabagisme, estiment toutefois les auteurs de l'étude. La consommation de tabac est à l'origine d'un sixième de l'ensemble des décès qui ne sont pas dus à des maladies transmissible. Le coût du tabagisme passif est estimé à 420 millions de francs par an.

ats/mre

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Absence d'interdiction contestée

Pour le Conseil suisse des activités de jeunesse (CSAJ), la faîtière qui regroupe près d'un demi-million de jeunes, "il est incompréhensible qu'une interdiction de la publicité ne soit pas encore en vigueur".

"Les milieux politiques se plaignent trop souvent des comportements et des modes de vie des jeunes", a expliqué Petra Baumgartner, co-directrice du CSAJ. "Mais en laissant les jeunes subir l'influence de la publicité, ils portent eux aussi une responsabilité".