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Homme-femme: égalité salariale à la peine

Le système facultatif lancé il y a deux ans pour corriger les discriminations salariales entre hommes et femmes est à la peine. Seules seize entreprises ont accepté de contrôler leur structure de rémunérations.

En 2009, Pascal Couchepin avait qualifié le lancement du projet dénommé "Dialogue sur l'égalité des salaires" de "date historique". Plus de deux ans plus tard, le bilan est décevant, a admis la ministre de la justice et police Simonetta Sommaruga lundi devant la presse.

Les entreprises participantes s'engagent à vérifier, grâce à un logiciel mis au point par la Confédération, si leur système de rémunération comporte d'éventuelles discriminations et à les corriger.

Loin du compte

Rien n'est contraignant, pas même la présentation des résultats. Avec 20 participants par année, l'objectif était pourtant modeste, a relevé la conseillère fédérale. "On est bien loin des 100 entreprises attendues d'ici 2014".

Le directeur de l'Union patronale Thomas Daun a tenté d'expliquer ce désintérêt du monde économique. Nombre de firmes ont l'impression d'avoir déjà fait leur devoir en la matière. Pourtant, l'exercice pourrait servir au moins à démontrer que les statistiques sur la discrimination des salaires sont faussées, selon lui.

Pendant la dernière décennie, la discrimination salariale en raison du sexe n'a diminué que de 10,6 à 9,4%, a rétorqué le patron de l'Union syndicale suisse Paul Rechsteiner. L'écart entre les salaires des hommes et des femmes demeure à 19,8%. Pour lui, de nombreuses branches connaissent un retard à combler.

Et le syndicaliste de pointer du doigt les banques et les grands distributeurs, qui n'ont pas pris la peine de participer au "dialogue salarial". Parmi les entreprises engagées, on trouve des administrations publiques mais aussi McDonald's, les CFF ou Tornos. La procédure de contrôle assure non seulement de respecter le principe de l'égalité fixé par la constitution et la loi, mais aussi d'améliorer l'image de l'entreprise, selon Simonetta Sommaruga.

ats/cab

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Vers des mesures imposées?

Après ces débuts laborieux, les partenaires sociaux tentent une nouvelle percée du "Dialogue".

Si les progrès escomptés se font désirer, le projet pourrait cependant être interrompu avant l'horizon 2014.

Les autorités fédérales devraient alors réfléchir à des mesures pour imposer l'égalité salariale entre les sexes, a averti la conseillère fédérale.

"Pour les employeurs, c'est la toute dernière chance de prendre leur responsabilités au sérieux pour éviter l'intervention de l'Etat", a jugé le président du syndicat Travail.Suisse Martin Flügel.

Les femmes socialistes ont critiqué pour leur part cet "exercice alibi". Même un nouveau départ du projet ne résoudra pas le problème, écrivent-elles dans un communiqué. A leurs yeux, le respect de l'égalité salariale doit être imposé par des mesures étatiques.