"La situation est préoccupante", lance Françoise Berclaz, présidente de l'Association des libraires romands. La baisse du chiffre d'affaires se monte en moyenne à 12% pour les librairies indépendantes, avec des pointes à 15%, assure-t-elle.
La situation est également difficile pour les chaînes. Chez Payot, le chiffre d'affaires a fortement décroché depuis la mi-juillet avec une baisse comprise entre 10% et 12%, a indiqué à l'ats le directeur général Pascal Vandenberghe. Au premier semestre, celle-ci était de 2% à 3%.
Outre-Sarine, les libraires font état d'une diminution du chiffre d'affaires de 7,8% sur les dix premiers mois de l'année. Les difficultés rencontrées par la branche ont poussé Payot à licencier 3 employés dans ses deux succursales de Genève. C'est la première fois depuis vingt ans que le groupe doit procéder à des licenciements secs, souligne la directrice de la communication Aurélie Baudrier.
Fragilité des libraires indépendants
Chez les libraires indépendants, "personne n'a encore parlé de licencier" mais l'inquiétude est palpable, indique Françoise Berclaz. La baisse du chiffre d'affaires est particulièrement problématique pour ce secteur déjà fragile, souligne Jacques Scherrer, secrétaire général de l'Association suisse des diffuseurs, éditeurs et libraires. Les librairies tournent habituellement avec une marge bénéficiaire très réduite: entre 0,5% et 1%. Par conséquent, au moindre problème, "ils manquent d'oxygène", insiste Jacques Scherrer.
Baisses de prix trop rapides
La diminution du chiffre d'affaires s'explique par les baisses de prix qui ont suivi la chute de l'euro (les livres importés de France représentent 80% des ouvrages vendus en Suisse romande). Les diffuseurs ont revu leurs tarifs à la baisse deux voire trois fois depuis le début de l'année, indique Jacques Scherrer. Selon lui, les réductions atteignent jusqu'à 10%. Des baisses qui peuvent même se monter à 20%, renchérit Aurélie Baudrier. Les marges se trouvent par conséquent compressées.
Si un livre vendu auparavant 60 francs passe à 50 francs, une marge brute de 40% baisse de 24 à 20 francs, explique Jacques Scherrer. Les charges et les salaires n'ont cependant pas bougé entretemps. Les professionnels rappellent malgré tout leur volonté de baisser les prix. Le problème se situe dans la rapidité avec laquelle les diminutions ont eu lieu depuis le début de l'année. "Cela ne nous a pas permis de nous adapter", lance Françoise Berclaz.
Achats à l'étranger fréquents
Du côté de Payot, on pointe du doigt un second facteur pour expliquer la baisse du chiffre d'affaires: les clients sont plus nombreux à effectuer leurs achats à l'étranger, assure Pascal Vandenberghe. "Nous le remarquons de manière très nette sur le nombre de passages en caisse". La baisse de la fréquentation se monte entre 5 et 10%, indique Aurélie Baudrier. La faute aux appels "irresponsables" de la Commission de la concurrence et de la FRC qui ont encouragé les achats à l'étranger, peste Pascal Vandenberghe.
ats/olhor