Les négociations entre syndicats et entrepreneurs pour une nouvelle convention nationale ont échoué le 2 novembre, après neuf mois de négociations. Les ouvriers du bâtiment risquent de se retrouver sans convention collective le 1er janvier prochain si aucun accord n'est trouvé avec la Société suisse des entrepreneurs (SSE).
Les syndicats réclament plus de protection contre le dumping salarial ainsi qu'en cas de maladie, d'accidents ou d'intempéries, rappellent ces derniers. Suite à l'échec des négociations, les entrepreneurs, quant à eux, proposent de prolonger le texte en vigueur.
La SSE a jusque-là offert une augmentation salariale de 1,5% et une amélioration des conditions de travail, qui, s'il elle était convertie en salaires, représenterait une hausse de 0,75%.
Mobilisation en cours
A Genève, près de 2000 ouvriers de la construction ont déjà manifesté vendredi matin. Ils ont traversé la ville à l'appel des syndicats Unia, Sit et Syna, avec force sifflets et quolibets.
"Halte au dumping salarial - nous luttons pour une bonne CN" (convention collective), "Plus de protection", "Pas de convention, pas de maçons - qui construira le CEVA ?", "Halte à la sous-traitance et à la précarité", affirmaient les banderoles en tête du cortège. "Les chauffeurs refusent de sortir de la convention", pouvait-on lire sur un camion qui fermait le défilé.
A partir de la gare, les manifestants ont rapidement progressé à travers la ville avant de se rassembler au parc des Bastions.
Quelque 2000 autres manifestants ont rallié Lausanne dans la matinée. Ils doivent défiler vendredi après-midi au centre de la ville. "Plusieurs centaines" de chantiers sont touchés par le mouvement dans le canton de Vaud, estime Pietro Carobbio, responsable de la construction chez Unia Vaud
Arrêts de travail en Suisse alémanique
A Zurich le travail a aussi cessé le matin sur plusieurs importants chantiers de la ville des bords de la Limmat, notamment ceux de la gare centrale et d'Oerlikon. Le mouvement a également concerné plusieurs autres gros projets immobiliers à Schlieren et Wallisellen.
A midi, les ouvriers devaient se réunir sur le site de construction Richti à Wallisellen, en banlieue zurichoise, pour un repas commun avant une marche de protestation depuis la gare principale de Zurich pour se rendre au siège de l'association patronale de la branche, la Société suisse des entrepreneurs (SSE).
ats/pym/olhor
La Société suisse des entrepreneurs critique les syndicats
La Société suisse des entrepreneurs (SSE) a estimé que les actions menées par le syndicats violent la paix du travail, prévue par l'actuelle convention nationale de travail. Interrogé par l'ats, son directeur, Daniel Lehmann, a accusé les représentants de syndicats d'avoir bloqué plusieurs chantiers dans la région zurichoise, à Bâle et en Suisse romande.
La SSE a vivement critiqué les actions menées sur les chantiers, celles-ci délivrant un mauvais signal et n'apportant aucune avancée aux discussions. Menaçant de s'adresser à la justice, Daniel Lehmann s'est aussi interrogé sur les raisons de cette journée d'action. "Nous disposons d'une des meilleures convention collective de Suisse", a noté Daniel Lehmann. De plus, la SSE a jusque-là offert une augmentation salariale de 1,5% et une amélioration des conditions de travail, qui, s'il elle était convertie en salaire, représenterait une hausse de 0,75%.
Daniel Lehmann a aussi reconnu que les deux parties doivent réaliser des progrès dans le cadre des discussions, pas seulement les syndicats. La SSE a décidé de soumettre une nouvelle offre aux représentants des employés. Le directeur de l'association faîtière n'a pas souhaité s'exprimer sur le contenu de la proposition. Pour l'heure toutefois, aucune date n'a été fixée en vue d'une nouvelle ronde de discussions. DanielLehmann a estimé qu'il n'était plus très réaliste de songer à l'aboutissement des négociations avant la fin de l'année, date à laquelle l'actuelle CN arrive à échéance. La SSE a rappelé son offre de prolonger le texte en vigueur.
Le patronat vaudois en colère
De son côté, la Fédération vaudoise des entrepreneurs (FVE) a déploré vendredi le climat "délétère" provoqué par Unia. La FVE juge les arguments du syndicat "fallacieux" et la journée de protestation des travailleurs de la construction "peu constructive".
La paix "absolue" du travail a été brisée, affirme la FVE dans un communiqué. Les actions de protestation sur les chantiers du gros oeuvre mettent en péril l'aboutissement des négociations sur la Convention nationale du secteur.
La FVE souhaite la signature rapide d'une nouvelle convention, avec, entre-temps, le maintien du contrat actuel. "En refusant une telle prolongation, les syndicats vont à l'encontre des intérêts des ouvriers", indiquent les entrepreneurs.