Malgré les pressions exercées par certaines directions de chantiers et le fait que certaines entreprises ont avancé leur repas de fin d'année à cette journée, la mobilisation a dépassé les attentes, s'est félicité vendredi à Zurich, Hansueli Scheidegger, le responsable du secteur construction d'Unia. Le mouvement a entraîné la paralysie de quelque 1000 sites de construction.
Apparemment la participation a été particulièrement forte en Suisse romande. A Genève, près de 4000 employés de la branche (entre 1500 et 2000 selon la police) sont descendus dans la rue, alors qu'ils étaient entre 1500 et 2000 à Lausanne.
Pas de nouvelles discussions prévues
Dans la région zurichoise, le travail a aussi cessé en matinée sur plusieurs importants chantiers. Quelques centaines d'ouvriers ont ensuite convergé vers la ville des bords de la Limmat pour une marche de protestation depuis la gare principale vers le siège de l'association patronale de la branche, la Société suisse des entrepreneurs (SSE).
Aucune date n'a été fixée en vue d'une nouvelle ronde de discussions, ont indiqué les parties. Selon le directeur de la SSE Daniel Lehmann, il n'est plus très réaliste de songer à l'aboutissement des négociations avant la fin de l'année, date à laquelle l'actuelle CN arrive à échéance. Les syndicats veulent encore croire en une solution.
Menaces de nouvelles grèves
Mais si les ouvriers du bâtiment devaient se retrouver sans convention collective nationale le 1er janvier prochain, des mesures de lutte, soit des grèves, interviendront alors. Nous n'attendrons pas le printemps", ont-ils menacés, indiquant avoir déjà pris leurs dispositions notamment au niveau du déblocage de fonds.
Pour mémoire, les négociations portant sur la nouvelle CN ont échoué le 2 novembre dernier, après neuf mois de discussions. Les syndicats, qui demandaient notamment des améliorations en matière de protection contre le dumping salarial ainsi qu'en cas de maladie, d'accidents ou d'intempéries, ont accusé la SSE de s'être rétractée sur certains compromis. Des accusations que l'association patronale a réfutées.
Anticipant un échec des discussions, les syndicats avaient organisé à fin septembre une manifestation d'envergure à Berne qui avait réuni pas moins de 12'000 personnes. En 2008, alors que la branche se trouvait dans une situation identique, les travailleurs s'étaient lancés dans des grèves et avaient bloqué des chantiers.
ats/pym/olhor/rber
La Société suisse des entrepreneurs critique les syndicats
La Société suisse des entrepreneurs (SSE) a estimé que les actions menées par le syndicats violent la paix du travail, prévue par l'actuelle convention nationale de travail. Interrogé par l'ats, son directeur, Daniel Lehmann, a accusé les représentants de syndicats d'avoir bloqué plusieurs chantiers dans la région zurichoise, à Bâle et en Suisse romande.
La SSE a vivement critiqué les actions menées sur les chantiers, celles-ci délivrant un mauvais signal et n'apportant aucune avancée aux discussions. Menaçant de s'adresser à la justice, Daniel Lehmann s'est aussi interrogé sur les raisons de cette journée d'action. "Nous disposons d'une des meilleures convention collective de Suisse", a noté Daniel Lehmann. De plus, la SSE a jusque-là offert une augmentation salariale de 1,5% et une amélioration des conditions de travail, qui, s'il elle était convertie en salaire, représenterait une hausse de 0,75%.
Daniel Lehmann a aussi reconnu que les deux parties doivent réaliser des progrès dans le cadre des discussions, pas seulement les syndicats. La SSE a décidé de soumettre une nouvelle offre aux représentants des employés. Le directeur de l'association faîtière n'a pas souhaité s'exprimer sur le contenu de la proposition.
Le patronat vaudois en colère
De son côté, la Fédération vaudoise des entrepreneurs (FVE) a déploré vendredi le climat "délétère" provoqué par Unia. La FVE juge les arguments du syndicat "fallacieux" et la journée de protestation des travailleurs de la construction "peu constructive".
La paix "absolue" du travail a été brisée, affirme la FVE dans un communiqué. Les actions de protestation sur les chantiers du gros oeuvre mettent en péril l'aboutissement des négociations sur la Convention nationale du secteur.
La FVE souhaite la signature rapide d'une nouvelle convention, avec, entre-temps, le maintien du contrat actuel. "En refusant une telle prolongation, les syndicats vont à l'encontre des intérêts des ouvriers", indiquent les entrepreneurs.