Les fronts se durcissent entre syndicats et patronat dans le cadre des discussions pour une nouvelle convention collective de travail nationale (CN) dans le secteur de la construction. Après les manifestations de travailleurs vendredi passé, la SSE ne veut plus négocier avec Unia.
Dans un communiqué diffusé jeudi, la Société suisse des entrepreneurs (SSE) estime qu'Unia ne représente plus un partenaire de négociations. L'association patronale motive sa décision par les "actions illicites" des permanents du syndicat lors des manifestations des salariés du secteur du gros oeuvre vendredi dernier dans plusieurs villes suisses (lire: Construction).
La SSE indique que désormais elle ne négociera plus qu'avec des syndicats respectant la paix du travail. L'association faîtière précise en outre que plusieurs entreprises de la construction ont déposé plainte contre les syndicats suite aux manifestations de vendredi passé.
"Actes criminels" dénoncés par la SSE
La SSE a condamné les actions menées par les syndicats, accusant ces derniers de violer la paix du travail prévue par l'actuelle convention nationale. Selon l'association patronale, des "actes criminels tels que contrainte, violation de domicile, dommage à la propriété, vol et brigandage" ont été commis à l'instigation des syndicats.
Daniel Lehmann, le directeur de la SSE avait accusé les représentants syndicaux d'avoir bloqué plusieurs chantiers dans la région zurichoise, à Bâle et en Suisse romande. Des accusations qu'Unia et Syna ont rejetées, estimant qu'il s'agit là de propos usuels de la part de la SSE dans une telle situation.
ats/pbug
Unia condamne la décision de la SSE
Unia condamne la décision de la Société suisse des entrepreneurs de renoncer jusqu'à nouvel ordre à négocier une nouvelle convention collective de travail nationale pour le gros oeuvre. Le syndicat juge incompréhensible ce refus.
En excluant Unia des discussions pour la nouvelle CN, la SSE, l'association patronale de la branche de la construction, tente de diviser les représentants des salariés, a indiqué jeudi Nico Lutz, porte-parole d'Unia.
Et le porte-parole de se demander comment une éventuelle nouvelle CN pourrait avoir force obligatoire sans la participation d'Unia. Selon lui, Unia a soumis à la SSE deux nouvelles dates en vue de poursuivre les discussions, après la journée de protestation de vendredi passé.
Echec des négociations
Pour mémoire, les négociations portant sur la nouvelle CN ont échoué le 2 novembre, après neuf mois de discussions. Les syndicats, qui demandaient notamment des améliorations en matière de protection contre le dumping salarial ainsi qu'en cas de maladie, d'accidents ou d'intempéries, ont accusé la SSE de s'être rétractée sur certains compromis. Des accusations que l'association patronale a réfutées.
Anticipant un échec des discussions, les syndicats avaient organisé à fin septembre une manifestation d'envergure à Berne qui avait réuni pas moins de 12'000 personnes.
Vendredi dernier, une seconde journée de protestation organisée à l'initiative des syndicats Unia et Syna a mobilisé pas moins de 7000 ouvriers du gros oeuvre à Genève, Lausanne, Zurich et Berne.