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Hansjörg Walter remplace le déchu Bruno Zuppiger

Le conseiller national UDC Hansjörg Walter, nouveau président du Conseil national, à Berne. [www.hansjoerg-walter.ch]
Le conseiller national UDC Hansjörg Walter, président du Conseil national, est le nouveau poulain de l'UDC. - [www.hansjoerg-walter.ch]
Hansjörg Walter et Jean-François Rime formeront le ticket UDC pour l'élection au Conseil fédéral mercredi suite à l'annonce du retrait un peu plus tôt de Bruno Zuppiger. A la suite des révélations parues dans la presse le mêlant à une affaire d'héritage détourné, le Zurichois a été contraint de retirer sa candidature.

Hansjörg Walter, âgé de 60 ans, est l'actuel président du Conseil national. Jusqu'à son intronisation lundi, il était également président depuis onze ans de l'Union suisse des paysans, dont il a cédé les rênes afin d'éviter tout conflit d'intérêt durant sa présidence du National.

Hansjörg Walter avait déjà été candidat de l'UDC au Conseil fédéral. Lors de l'élection d'Ueli Maurer, le Thurgovien avait manqué l'élection pour une seule voix au 3e tour de scrutin le 10 décembre 2008. "La situation n'est pas la même qu'il y a trois ans", a dit Hansjörg Walter devant les médias. "Cette fois j'ai le soutien du groupe".

La sortie de scène de Zuppiger

Un peu plus tôt jeudi après-midi, Bruno Zuppiger avait fait part de son retrait devant les médias au terme d'une  séance de crise du groupe parlementaire UDC. Le conseiller national zurichois a dit avoir pris la décision de retirer sa candidature de son plein gré jeudi matin, après une discussion avec Caspar Baader, président du groupe UDC, Toni Brunner, président du parti, et Christoph Blocher, responsable de la stratégie. Tous trois avaient été préalablement informés de l'affaire.

Toni Brunner, Caspar Baader et Bruno Zuppiger à l'heure de la conférence de presse. [Alessandro Della Valle]
Toni Brunner, Caspar Baader et Bruno Zuppiger à l'heure de la conférence de presse. [Alessandro Della Valle]

"Mon parti n'a pas tenté d'influencer mon choix", a souligné Zuppiger. Après avoir informé les médias de sa décision, il a quitté la salle sans répondre aux questions des journalistes venus en nombre.

Durant trois heures jeudi après-midi, le groupe UDC s'est retrouvé en séance extraordinaire. Le président du groupe Caspar Baader a déclaré que la tête du parti a vraisemblablement mal évalué la situation. Mais elle n'était pas au courant de tous les détails.

Détails d'un coup de théâtre

A l'issue de cette séance, Toni Brunner et Caspar Baader sont revenus longuement sur la semaine qui a précédé les révélations de l'affaire dans l'hebdomadaire Weltwoche. Le soir du 30 novembre, une vingtaine d'heures avant la désignation du ticket UDC, le chef du groupe a reçu "un tuyau d'une personne extérieure au groupe parlementaire", selon laquelle Bruno Zuppiger aurait profité d'un héritage d'une employée dont il était l'exécuteur testamentaire.

Il a immédiatement averti Toni Brunner et Christoph Blocher, qui ont décidé de demander des explications à Bruno Zuppiger le lendemain, avant que le groupe parlementaire auditionne les cinq candidats à la candidature au Conseil fédéral.

Le 1er décembre vers 09h00, Caspar Baader a appelé l'avocate de la partie adverse dans l'affaire impliquant Bruno Zuppiger afin d'en savoir plus sur les graves faits reprochés à ce dernier. Elle lui a dit que l'affaire était close. "Cette information était décisive", a souligné le chef du groupe parlementaire. Il en aurait été autrement si le cas avait encore été pendant.

Signature de Bruno Zuppiger

L'après-midi, Caspar Baader, Toni Brunner et Christoph Blocher ont confronté Bruno Zuppiger aux faits qui lui étaient reprochés. Le Zurichois leur a dit qu'il avait finalement versé l'ensemble du montant aux deux associations d'intérêt public, qu'aucun tiers n'avait été lésé et que les parties avaient convenu de garder le silence. Ils ont conclu que sa candidature ne posait pas de problème.

Bruno Zuppiger: une sortie par la petite porte. [Alessandro della Valle)]
Bruno Zuppiger: une sortie par la petite porte. [Alessandro della Valle)]

Mais depuis, la situation a changé, selon Toni Brunner et Caspar Baader. L'article de la Weltwoche comportait des informations qu'ils ignoraient. Le journal publie notamment une lettre signée par Bruno Zuppiger demandant le versement sur son propre compte bancaire de 100'850 francs prélevés sur la somme totale de l'héritage de 265'000 francs. Le conseiller national avait pourtant dit aux ténors de l'UDC qu'un collaborateur de son entreprise avait commis la faute.

Tous les faits pas connus

Jeudi dernier, "nous ne connaissions pas les faits dans leur intégralité", ont-ils souligné à plusieurs reprises. "Si nous avions su qu'il avait signé lui-même la lettre, nous lui aurions déconseillé d'être candidat", a dit Toni Brunner. Interrogé par un journaliste, Caspar Baader n'a pas voulu parler de "mensonges".

Tous deux ont reconnu avoir "mal jugé la situation". Mais ils n'estiment pas devoir tirer des conclusions personnelles de cette affaire. Caspar Baader juge avoir réagi très rapidement dès qu'il a eu connaissance des reproches. Il trouve qu'il n'était pas nécessaire d'informer le groupe, puisque les parties avaient convenu de garder le silence. Pour lui, Bruno Zuppiger doit décider lui-même s'il souhaite quitter ses fonctions de conseiller national.

Fuite externe à l'UDC

Le Zurichois estime pour sa part qu'il "continue à se sentir soutenu par son groupe parlementaire". Il a également assuré que personne de l'UDC n'était derrière la fuite à la Weltwoche, hebdomadaire proche de Christoph Blocher. Selon lui, l'information vient du bureau d'avocats de la partie adverse.

Probable enquête pénale

Le Ministère public zurichois étudie parallèlement la nécessité d'ouvrir une enquête pénale contre le candidat UDC au Conseil fédéral Bruno Zuppiger. Il n'était pas au courant des reproches d'irrégularités dans la gestion d'une somme destinée à des oeuvres sociales formulés jeudi par la Weltwoche. La décision du Ministère public d'ouvrir ou non une enquête ne sera pas prise de sitôt, indique à l'ats Corine Bouvard, porte-parole de l'autorité d'enquête.

Les membres des Chambres fédérales disposent d'une immunité parlementaire. Ils ne sont cependant pas protégés en cas de soupçons sur des délits n'ayant aucun lien avec leur fonction politique.

ats/olhor

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La donne de l'élection de mercredi ne change pas

PS et PBD exceptés, les partis soulignent la finesse avec laquelle l'UDC s'est sortie d'une situation difficile avec son nouveau candidat pour le Conseil fédéral. Mais même en misant sur Hansjörg Walter, le parti n'a guère de chance de ravir un second siège.

Le PS considère que la situation n'a pas changé. Si avec son nouveau ticket, l'UDC décide d'attaquer le siège libéral-radical, le parti organisera des auditions, a indiqué Thomas Christen, secrétaire général du PS. On ne se dirige cependant pas vers ce scénario vu que les deux candidats UDC ont assuré devant les médias qu'ils n'attaqueraient pas un siège PLR.

Ce sont la gauche et le centre qui sont maintenant sous pression, a déclaré à l'ats le président du PLR Fulvio Pelli, rappelant qu'il y a trois ans, ces partis avaient apporté leurs voix à Walter face à Ueli Maurer. Pour le libéral-radical, l'UDC devrait pouvoir rétablir la concordance avec un candidat comme Hansjörg Walter qu'il apprécie personnellement beaucoup. Et d'ajouter que le groupe libéral-radical va encore auditionner le nouveau candidat.

Les partis du centre sont quant à eux peu loquaces. Ni le PDC, ni le PBD n'ont tenu à commenter la nouvelle donne de l'UDC. Ces deux partis militent toujours pour le statu quo et ont annoncé qu'ils n'auditionneraient pas les candidats UDC.

Les Verts ont salué eux aussi un très bon coup qui a des chances de succès. Cette nomination est "intelligente et fine", a indiqué Ueli Leuenberger, président des Verts.