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Alain Berset prend les rênes de l'Intérieur

Le nouvel élu Alain Berset remplace le Neuchâtelois Didier Burkhalter à la tête du Département de l'intérieur. [Peter Schneider]
Le nouvel élu Alain Berset remplace le Neuchâtelois Didier Burkhalter à la tête du Département de l'intérieur. - [Peter Schneider]
Le libéral-radical Didier Burkhalter reprendra en janvier les rênes de la diplomatie suisse. Après deux ans en poste, il laisse un Département de l'intérieur en chantier au nouvel élu socialiste Alain Berset. Celui-ci hérite d'un dicastère crucial mais risque de devoir batailler avec ses camarades.

Cette nouvelle répartition a été décidée à l'unanimité et dans un très bonne atmosphère, lors d'une courte séance, s'est contenté de préciser vendredi le vice-chancelier André Simonazzi. Les deux ministres ne sont pas venus devant la presse.

Par voie de communiqué, Alain Berset s'est dit "très content" de la répartition des départements et a affirmé "se réjouir de ces nouveaux défis intéressants". Il fera un premier bilan après 100 jours.

Difficiles négociations avec l'UE

Didier Burkhalter préfère lui se concentrer d'abord sur les dossiers. Selon son porte-parole, il a souhaité changer de dicastère par intérêt pour un département appelé à prendre de l'importance et pour l'aide au développement. La perte de la recherche et de la formation au profit du Département de l'économie n'y serait pour rien.

Le style policé du Neuchâtelois devrait tout à fait convenir aux salons feutrés de la diplomatie. Il n'en devra pas moins retrousser ses manches pour sortir le dossier européen de l'impasse. Plusieurs projets d'accords restent sur le balan.

Si à Berne, on évoque un nouveau paquet général, l'Union européenne (UE) tient à régler d'abord les questions institutionnelles et souhaite une reprise automatique du droit communautaire. D'âpres négociations sont à prévoir vu le refus helvétique.

Le DFAE, bastion neuchâtelois

Le Conseil fédéral préfère évoquer un droit de codécision et de participation qui s'appliquerait à l'ensemble des accords. La forme concrète reste ouverte. Le gouvernement dispose de rapports d'experts mais n'a rien voulu dévoiler.

Avec l'arrivée de Didier Burkhalter au Département fédéral des affaires étrangères (DFAE), la Suisse renoue avec une longue tradition neuchâteloise. Le dernier chef de la diplomatie de ce canton a été René Felber, parti fin mars 1993. Le dernier radical, il y a 50 ans, était lui aussi neuchâtelois : Max Petitpierre, qui a laissé une empreinte durable, a quitté le dicastère en 1961.

Outre des interludes UDC (Friedrich Wahlen 1961-1965) et PDC (Flavio Cotti 1993-1999 puis Joseph Deiss jusqu'à fin 2002), le DFAE est un bastion socialiste. La ministre sortante Micheline Calmy-Rey (GE), Willy Spühler (ZH) et les Neuchâtelois Pierre Graber, Pierre Aubert et René Felber étaient membres du PS.

L'Intérieur, département clé pour le PS

Le Fribourgeois Alain Berset aurait tout aussi bien pu s'atteler à la tâche, avec sa maîtrise de cinq langues (français, allemand, anglais, espagnol, portugais). Celui qui a réussi le concours diplomatique mais s'est tourné vers une autre carrière et s'est spécialisé dans les finances et l'économie avait laissé entendre qu'il s'intéressait au DFAE.

Avec son arrivée au Département fédéral de l'intérieur (DFI), un dicastère clé retourne au PS. Depuis 1960, deux autres socialistes s'y sont illustrés. Le Bâlois Hans Peter Tschudi, généralement connu comme le père de l'AVS, l'a dirigé de 1960 à 1973.

Après un intermède démocrate-chrétien, la Genevoise Ruth Dreifuss a repris le flambeau de 1993 à fin 2002, avant que le radical Pascal Couchepin ravisse ce discatère. Faute d'avoir en deux ans réglé les grands dossiers, Didier Burkhalter a au moins pu pacifier le climat.

Berset contre son parti

Les affaires sociales sont un morceau de choix pour les socialistes qui souhaitent y laisser leur empreinte, mais la tâche pourrait s'avérer ardue pour Alain Berset. Il devra rapidement affronter ses camarades devant les urnes. Le PS a en effet lancé un référendum contre le projet de réseau de soins intégrés (Managed Care).

Et une prochaine échéance en votation populaire devrait être l'initiative pour la caisse maladie unique, un autre cheval de bataille du PS. Il reviendra également à Alain Berset de surveiller la mise en oeuvre de la délicate réforme du financement hospitalier.

Le Fribourgeois devra aussi faire passer un nouveau durcissement concernant l'assurance invalidité (AI). La bataille au Parlement s'annonce rude au sujet de la suppression des échelons de rentes sur laquelle plane déjà des menaces de référendum.

Révision de l'AVS

Le Fribourgeois devra encore présenter l'an prochain un rapport sur l'avenir du 2e pilier. Le peuple ayant donné raison au PS en refusant d'accélérer la baisse du taux de conversion, d'autres pistes dont la mise à contribution des rentiers sont à l'étude, alors que les perspectives des marchés financiers sont mauvaises.

Après l'échec de la 11e révision de l'AVS au Parlement, ce sera finalement à Alain Berset de remettre l'ouvrage sur le métier, son prédécesseur libéral-radical n'ayant pas lancé de grande réforme pour assurer le financement à long terme.

ats/dk

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PS et PDC satisfaits, UDC très mécontente

Christian Levrat se dit "très satisfait" de la "bonne solution" trouvée au Conseil fédéral avec le passage de Didier Burkhalter aux Affaires étrangères et l'arrivée d'Alain Berset à l'Intérieur.

Alain Berset devra certes défendre des positions qui seront peut-être parfois quelque peu en tension avec la ligne du parti, maisis sa présence au DFI sera aussi l'occasion de trouver "des solutions plus équilibrées que lorsque Didier Burkhalter ou Pascal Couchepin" étaient en charge, estime-t-il.

L'arrivée d'Alain Berset à l'intérieur pourrait permettre de débloquer des réformes importantes en matière d'assurances sociales, estime de son côté le président du PDC Christophe Darbellay. Actuellement, des dossiers tels que les assurances maladie, l'AVS ou l'AI sont au point mort, selon lui.

L'UDC est "très mécontente" du changement de département de Didier Burkhalter. Selon Toni Brunner, le Neuchâtelois n'aurait rien fait dans son département et aurait tout repoussé. Il estime que le DFI aurait dû rester en mains bourgeoises.

Le changement de départements n'était pas une volonté expresse de Didier Burkhalter ou du PLR, affirme le président du parti Fulvio Pelli. "Il découle sans doute d'un souhait du Conseil fédéral", juge le Tessinois

Fulvio Pelli est malgré tout "content" que Didier Burkhalter relève le défi de mener la diplomatie helvétique. Il poursuivra la politique extérieure active menée par Micheline Calmy-Rey, mais il le fera cependant "probablement avec moins de déclarations publiques".