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Bâle: manifestation contre la Basler Zeitung

Les Bâlois ne veulent pas que Christoph Blocher tire les ficelles de leur journal. [Walter Bieri]
Les Bâlois ne veulent pas que Christoph Blocher tire les ficelles de leur journal. - [Walter Bieri]
Plusieurs centaines de personnes ont manifesté samedi à Bâle pour protester contre les propriétaires de la "Basler Zeitung" et son rédacteur en chef, Markus Somm. Le rassemblement a eu lieu à l'appel du mouvement "Rettet Basel" ("Sauvez Bâle") créé en 2010 après l'arrivée de Christoph Blocher comme conseiller du groupe de presse.

La "Baz" n'est plus un journal bâlois mais un projet politique des Zurichois, a déclaré le conseiller national socialiste Beat Jans. Lui-même préférerait que le quotidien soit la propriété d'un éditeur zurichois plutôt que de politiciens zurichois. Certes les nouveaux propriétaires sont depuis cette semaine un cercle d'actionnaires autour du financier tessinois Tito Tettamanti qui avait déjà possédé brièvement le journal l'an dernier (lire Basler Zeitung). Mais le fait que Christoph Blocher tire les ficelles en matière de compte-rendu politique est une attaque contre la démocratie, a ajouté Beat Jans.

Pour les initiateurs de ce mouvement, l'UDC zurichois poursuit sa stratégie médias à l'échelle nationale en se portant garant pour les pertes touchant les imprimeries de la "Baz". La diversité d'opinions n'est pas le soucis primordial des propriétaires, selon eux.

Bâlois insatisfaits

Si les propriétaires de la "Baz" se souciaient vraiment de la région de Bâle, ils se seraient débarrassés depuis longtemps du rédacteur en chef Markus Somm, selon le socialiste. Car aucun entrepreneur ne garde un chef qui outrage sans cesse sa clientèle, a-t-il ajouté.

Plusieurs orateurs ont critiqué les éditos de Markus Somm. Le rédacteur en chef se plaît à pourchasser les avis divergents et à préparer le terrain mental en vue de l'exclusion, l'irresponsabilité écologique et l'atteinte aux droits fondamentaux, soutient "Rettet Basel".

Parmi les personnes présentes à la manifestation se trouvaient plusieurs personnalités renommées. L'historien Georg Kreis, ancien président de la Commission fédérale contre le racisme, a tenu un discours tout comme l'ancien conseiller national socialiste Rudolf Rechsteiner. L'ancien parlementaire a lui d'ailleurs annoncé à cette occasion qu'il avait résilié cette semaine son contrat avec la "Baz". La manifestation était soutenue notamment par les Verts et le PS des deux Bâles.

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Pas de censure

Dans une interview, le nouveau président de la Baz-Holding, Filippo Leutenegger, affirme que la "Baz" doit rester autonome.

Un journal qui veut représenter l'ensemble de la région de Bâle doit vivre d'opinions différentes, de bonnes enquêtes et d'analyses intelligentes, a indiqué le conseiller national (PLR/ZH).

Qualifier la "Baz" de feuille de droite sur le simple fait que c'est la ligne de son rédacteur en chef n'est pas correct, estime-t-il.

Markus Somm l'a du reste répété: "Ce journal n'est pas une feuille d'opinion et ne le deviendra jamais", a-t-il écrit dans son article intitulé "Clarifications sur une affaire pas claire". Lui-même précise n'avoir jamais reçu de consignes. Auquel cas il rendrait son tablier. Il ajoute qu'il n'a jamais censuré un texte pour des raisons politiques.

Concernant le rôle de Christoph Blocher, Markus Somm estime qu'il a commis une faute en n'expliquant pas sa position exacte.

Toutefois, le Zurichois a voulu préserver la diversité, écrit-il.

"Sans l'influence économique de Blocher, il n'y aurait plus à Bâle qu'une petite rédaction locale qui fournirait quelques articles à une centrale à Zurich", soutient M. Somm.