Une lueur d'espoir brillait encore avec un groupe d'investisseurs anglais. Mais "ils voulaient surtout faire un Verbier 'bis' avec une promotion immobilière de luxe. Cela ne correspondait pas à nos besoins et nous avons abandonné", explique à l'ats Claude Lattion, président du conseil d'administration de l'Espace Super Saint-Bernard et directeur de l'exploitation.
La recherche d'investisseurs capables d'injecter quelque 25 millions de francs pour remplacer les installations obsolètes se poursuit, mais le coeur n'y est plus vraiment: "Le contexte économique actuel est difficile. Personnellement, je me suis donné jusqu'à fin 2012 pour trouver des fonds. S'il n'y a rien de concret d'ici là, je jetterai l'éponge", poursuit Claude Lattion.
Plusieurs handicaps
Petit paradis pour "freeriders", le Super St-Bernard et ses 27 km de pistes entre 2000 et 2800 mètres d'altitude souffre notamment de son isolement géographique. Impossible de penser fusion ou liaison avec d'autres domaines skiables du versant suisse. "Il existe un projet de liaison avec Crevacol, en Italie. Mais cela impliquerait des années de négociations et là encore, il n'y pas pour l'heure pas d'investisseurs intéressés", indique Claude Lattion.
Petit, isolé, sans concession ni permis d'exploiter et sans argent, Super St-Bernard va probablement mourir. Une exception en Valais où les sociétés en difficultés ont pour l'heure toujours réussi à trouver des solutions pour moderniser leur parc, relève Vincent Riesen, secrétaire des Remontées mécaniques du Valais (RMV) La situation de Super St-Bernard est "malheureuse mais était prévisible", note Vincent Riesen. Difficile de conserver sa part de gâteau dans un secteur valaisan où 15% des sociétés de remontées mécaniques génèrent à elles seules 74% de l'ensemble des recettes de transport.
La fermeture des installations du Super St-Bernard est une perte pour le Val d'Entremont et plus particulièrement pour Bourg-St-Pierre, dernier village avant le col du Grand St-Bernard. "Nous avons perdu une partie de notre clientèle. Nous devons nous réorienter en misant plus sur la randonnée par exemple, ou sur des hôtes cherchant le calme et les promenades plutôt que le ski", témoigne le président de la commune Gilbert Tornare, également hôtelier.
ats/cab
Déjà sauvé une fois in extremis
Construites en 1963 par une société anonyme, les remontées mécaniques du Super St-Bernard connaissent leurs premiers problèmes financiers et sont rachetées par la commune de Bourg-St-Pierre en 1987.
Achat et rénovation coûteront quelque 4 millions de francs. Mais en 2003, la commune veut mettre la clé sous le paillasson.
"Nous n'avons jamais pu constituer de fonds de réserve pour des investissements. Tout cela était bien trop lourd pour notre commune de 200 habitants", indique Gilbert Tornare, président de la commune.
Super St-Bernard sera cependant sauvé in extremis par la SA constituée par Claude Lattion, qui injecte 250'000 francs dans l'affaire.
"Nous savions que nous pourrions tenir jusqu'au terme de la concession, en 2010, et nous espérions trouver des fonds pour poursuivre", indique le président du conseil d'administration de l'Espace Super Saint-Bernard et directeur de l'exploitation.
Lorsque l'Office fédéral des transports contrôle le parc des machines du Super St-Bernard, le couperet tombe: l'état des installations est jugée insuffisant et sans rénovation, l'autorisation d'exploiter n'est pas délivrée en décembre 2010. Les treize employés des remontées mécaniques et du restaurant sont licenciés.