"Il est grand temps de supprimer ce reliquat de la guerre froide qu'est le service militaire obligatoire", dénonce le GSsA, soutenu entre autres par le PS et les Verts. La plupart des pays européens ont d'ailleurs abandonné le modèle de l'armée de masse, soulignent les initiants.
La suppression du service militaire obligatoire libérerait des ressources financières et personnelles qui pourraient être utilisées à meilleur escient. "Maintenir le service militaire obligatoire par simple habitude, par nostalgie ou en raison d'une mauvaise analyse de la situation stratégique est un manque de respect vis-à-vis de nos soldats", a renchérit le conseiller aux Etats Luc Recordon (Verts/VD).
Pour une armée de milice volontaire
Fort de 107'280 signatures, le texte "Oui à l'abrogation du service militaire obligatoire" ne concerne que l'obligation de servir, note le GSsA. L'initiative ne touche donc pas à l'article 58 de la Constitution, qui stipule que "la Suisse a une armée" et que celle-ci est organisée selon un système de milice.
L'objectif est ainsi d'aboutir à une armée de milice volontaire. Le service militaire obligatoire est de toute façon en crise, avec seuls 30% des conscrits qui l'accomplissent jusqu'au bout, souligne le GSsA.
Inégalité "choquante"
Sur le fond, le système actuel comporte des inégalités "choquantes", estiment les initiants. "Une société qui prétend réaliser l'égalité ne devrait pas permettre que la moitié de la société soit obligée de faire le service militaire en raison de son sexe et que l'autre moitié soit exclue du service civil pour la même raison".
L'initiative vise ainsi à permettre la création d'un service civil volontaire et ouvert à toute la population. La taxe militaire devrait elle être abrogée.
Outre la question de l'égalité des sexes, le service militaire obligatoire porte atteinte à la liberté de l'individu, dénonce le GSsA. "Dans une société libre, chacun doit pouvoir décider par soi-même".
Rapides réactions
La Communauté de travail pour une armée de milice efficace et assurant la paix et l'Association pour une Suisse indépendante et neutre (ASIN) n'ont pas tardé à réagir. Réunissant plusieurs centaines de milliers de membres, ces deux organisations soulignent que l'initiative signe l'arrêt de mort de l'armée de milice et l'avènement d'une armée professionnelle.
Cette dernière serait bien plus coûteuse, écrit la communauté de travail dans un communiqué. La Suisse devrait en outre se rapprocher inévitablement de l'OTAN et de l'UE pour assurer sa défense, selon les deux organisations. Dans un certain sens, les initiants se tirent une balle dans le pied en risquant d'entraîner une défense encore plus militarisée, ajoute l'ASIN.
ats/rber
Disparition progressive de la conscription
Le service militaire obligatoire constitue un modèle en voie de disparition dans les pays développés. La Suisse et l'Autriche font exception en Europe centrale, alors que les pays voisins ont adopté la formule de l'armée de métier.
En 2011, la Suède, la Serbie et l'Allemagne ont abandonné la conscription obligatoire au profit du service militaire volontaire. Le modèle obligatoire est encore en vigueur en Norvège, Finlande, Estonie, Russie, Biélorussie, Ukraine, Grèce, Chypre et Turquie.
Les autres pays d'Europe, ainsi que leurs alliés au sein de l'OTAN - le Canada et les Etats-Unis - ont désormais des forces armées formées de volontaires. L'Islande ainsi que les principautés de Monaco, Andorre et Saint-Marin n'entretiennent pas d'armée.