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Philipp Hildebrand, banquier de stature mondiale

Philipp Hildebrand juste avant la conférence de presse de lundi à Berne. [Michael Buholzer]
Philipp Hildebrand juste avant la conférence de presse de lundi à Berne. - [Michael Buholzer]
Banquier talentueux, Philipp Hildebrand passe pour un homme de réseaux et un champion de la régulation financière. Le Lucernois de 48 ans paie au prix fort l'opération controversée sur devises effectuée par son épouse. Portrait de l'ex-homme fort de la BNS.

Philipp Hildebrand succède à Jean-Pierre Roth à la présidence de la Banque nationale suisse (BNS) début 2010, après avoir été membre du directoire dès 2003 et vice-président dès 2007. Dans la foulée du sauvetage d'UBS par le gouvernement et la BNS pendant la crise financière, l'ancien banquier plaide pour un durcissement de la régulation.

Il se montre disert sur le niveau de fonds propres des banques, les rémunérations ou encore la possibilité de démembrer un gros établissement menacé de faillite. Cet activisme fait grincer des dents dans les milieux financiers. L'homme oeuvre sur ces thèmes comme membre du Conseil d'administration de la Banque des Règlements Internationaux (BRI) et du Conseil de stabilité financière (CSF) dont il obtient la vice-présidence. Il acquiert une véritable stature internationale. Certains font même de lui le personnage le plus puissant de Suisse, loin devant les conseillers fédéraux.

Politique agressive critiquée

Sa première année de présidence démarre sur les chapeaux de roues, la crise de la dette dans la zone euro faisant bondir la valeur du franc. Pour éviter que la monnaie suisse atteigne un niveau économiquement intolérable, la BNS achète des euros en masse au printemps 2010. Cette politique agressive sur les devises récolte des critiques, en particulier de la part de l'UDC et de l'hebdomadaire "Weltwoche".

Philipp Hildebrand reste à la tête de la BNS tant que le Conseil fédéral lui accorde sa confiance. [KEYSTONE/ Steffen Schmidt]
Philipp Hildebrand reste à la tête de la BNS tant que le Conseil fédéral lui accorde sa confiance. [KEYSTONE/ Steffen Schmidt]

Le maître à penser du parti, Christoph Blocher, réclame le départ de Philipp Hildebrand, l'accusant d'avoir dilapidé les réserves de la banque centrale. L'opération suscite également la grogne des cantons, car elle remet en cause la manne qui leur est octroyée.

Taux plancher

Le 6 septembre 2011, la BNS franchit un pas décisif dans sa lutte contre l'appréciation du franc. Après les mesures déjà déployées durant tout l'été, l'institut d'émission se résout à fixer un cours plancher de 1,20 franc pour un euro. Au départ contestée, la mesure suscite finalement une large adhésion des milieux politiques. La BNS parvient à défendre ce taux sans trop intervenir sur les marchés. Mais les appels à relever le cours se multiplient, la devise helvétique restant surévaluée.

Grand voyageur, Philipp Hildebrand a accumulé les expériences à l'étranger durant ses études à Toronto, Harvard, Oxford et Florence. L'homme est également un sportif émérite, remportant deux titres en championnats suisses de natation au début des années 80.

Parcours brillant

Philipp Hildebrand a entamé son parcours professionnel en 1994 au Forum économique mondial à Genève. Il entre en 1995 au sein du hedge fund américain Moore Capital Management pour en devenir partenaire deux ans plus tard. Considéré comme l'un des meilleurs spécialistes de la gestion alternative, il se constitue une importante fortune personnelle. L'éventualité d'entrer à la BNS émerge dès cette époque.

Au gré de conversations avec Bruno Gehrig, alors membre du directoire de l'institut d'émission, l'hypothèse d'une nomination de celui-ci à la présidence laisse entrevoir un accès pour Philipp Hildebrand. Mais c'est Jean-Pierre Roth qui prend les rênes en 2000, et non Bruno Gehrig. Philipp Hildebrand est à cette époque chef des investissements auprès de la banque zurichoise Vontobel. Il rejoint dès l'automne 2001 l'Union Bancaire Privée à Genève. La porte de la BNS finit tout de même par s'ouvrir à lui en 2003, lorsque Bruno Gehrig s'en va chez l'assureur Swiss Life.

ats/nr

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