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La vignette autoroutière devrait passer à 100 francs

100 francs le sésame pour les autoroutes? [Celeste clochard]
La hausse de la vignette à 100 francs devrait intervenir en 2015. - [Celeste clochard]
Augmentation du prix de la vignette et adaptation du réseau routier, diverses mesures figurent dans le plan de financement et d'organisation des réseaux routier et ferroviaire que le Conseil fédéral a transmis au Parlement mercredi. Etat des lieux des principaux points et réactions des parties concernées.

Mesures pour le trafic routier

Réseau routier: il s'agit d'ajouter au réseau national 376 kilomètres de routes existantes d'ici 2014, pour garantir la desserte des régions et adapter le réseau aux exigences actuelles, notamment le fait de mieux relier les villes entre elles. Le contournement de Morges (VD) et l'autoroute du Glattal (ZH) seraient ainsi intégrés au réseau et Berne reprendrait l'aménagement du contournement du Locle et de La Chaux-de-Fonds ainsi que d'un tronçon manquant sur l'autoroute de l'Oberland zurichois. Il en coûtera 305 millions de francs par an au total, assumés à 30 millions par les cantons et à 275 millions par la Confédération.

Vignette autoroutière: le prix de la vignette devrait passer de 40 à 100 francs sauf pour les touristes qui pourraient acquérir un nouveau sésame valable deux mois au prix actuel. La hausse n'interviendrait sans doute qu'en 2015.

Autres mesures pour augmenter les rentrées d'argent: Evoqué l'an dernier, le renchérissement de la surtaxe sur les huiles minérales pourrait refaire surface ultérieurement, selon Doris Leuthard. De même qu'une taxe sur la mobilité. L'introduction d'une taxe sur le CO2 appliquée au carburant a elle échoué lamentablement au Parlement, a-t-elle rappelé.

Fluidité du trafic: la Confédération a aussi chargé l'Office fédéral des routes de prendre des mesures en ce sens. Le réseau des routes nationales a atteint ses limites, a déclaré Doris Leuthard. Les embouteillages ont atteint près de 16'000 heures en 2010 et 400 kilomètres seront régulièrement surchargés d'ici 2030. La fluidité peut être améliorée grâce à l'abaissement progressif de la vitesse maximale de 120 à 100 ou 80 km/h. Actuellement, 85 kilomètres d'autoroutes sont équipées de systèmes permettant une réduction temporaire:  automatiquement sur 30 kilomètres, manuellement ailleurs. Ces installations seront peu à peu automatisées et étendues pour couvrir près de 400 kilomètres.

La circulation risque d'être à nouveau difficile sur l'autoroute A9. [Jean-Christophe Bott]
La circulation risque d'être à nouveau difficile sur l'autoroute A9. [Jean-Christophe Bott]

Trafic poids-lourds:

l'interdiction ponctuelle aux poids lourds de se dépasser sur les tronçons à fort trafic, où circulent beaucoup de camions ou à forte pente est aussi envisagée. Quelque 290 kilomètres sont déjà concernés. Une extension à hauteur de 230 kilomètres supplémentaires va être examinée. Au total, l'interdiction devrait concerner 20 à 40% des autoroutes à quatre voies. Elle pourrait par exemple être imposée ces prochaines années à l'échangeur d'Essert-Pittet/La Sarraz.

Bande d'arrêt d'urgence: l'OFROU mise sur une utilisation de la bande d'urgence sur près de 125 kilomètres supplémentaires d'ici 2020, pour l'essentiel environ 90 kilomètres aux heures de pointe. La sécurité devrait être assurée par une surveillance permanente, une réduction de la vitesse maximale et la construction de places d'arrêt d'urgence. A court terme, cette mesure est prévue près de Berne et de Winterthour (ZH). D'autres noeuds comme entre Genève et Lausanne devraient suivre à moyen ou long terme.

Mesures pour le trafic ferroviaire

Les contrôleurs des CFF infligent 800 amendes par jour depuis le 11 décembre. [Keystone - Gaetan Bally]
Les contrôleurs des CFF infligent 800 amendes par jour depuis le 11 décembre. [Keystone - Gaetan Bally]

Trafic ferroviaire:

les besoins sont tout aussi grands pour le rail. Non contesté, un nouveau fonds d'infrastructure ferroviaire devra couvrir la production, l'exploitation et l'aménagement de l'infrastructure ferroviaire. Il sera alimenté par l'argent qui affluait jusqu'ici dans le Fonds pour les transports publics (1,6 milliard, prix de 2010) et la Confédération y versera 2,3 milliards de francs. Les cantons, qui devront débourser 200 millions par an, devraient financer eux-mêmes les installations d'accueil dans les gares comme les escaliers ou les quais.

Coût pour les pendulaires: les pendulaires ne pourront plus déduire l'intégralité de leurs frais de transports pour l'impôt fédéral direct, mais seulement 3000 francs, soit un peu moins qu'un abonnement général 2e classe, afin de dégager 250 millions par an. Ils pourraient aussi voir le prix des billets augmenter de 10%. Les compagnies de chemin de fer devraient en effet débourser 200 millions de plus pour l'utilisation des rails dès l'an prochain, puis 100 millions à partir de 2017. La Suisse romande bénéficiera du projet avec des prolongements de quais pour mettre en service des trains à double étage entre Genève et Lausanne notamment.

ats/boi


"LE PROJET FEDERAL NE TIENT PAS LA ROUTE"

Economiesuisse: les propositions du Conseil fédéral ne tiennent pas la route. Selon l'association faîtière, il faut d'abord s'attaquer aux points d'étranglement du réseau qui ont la plus grande importance économique. A cet égard, les propositions du gouvernement ne donnent pas la place qui leur est due aux grandes agglomérations et se fondent sur des critères politiques et non pas économiques. L'augmentation du prix de la vignette n'est pas nécessaire, selon économiesuisse, d'autant moins que les fonds seraient suffisants si la route ne subventionnair pas le rail.

Association transports et environnement: la politique des transports du Conseil fédéral mène dans un cul-de-sac. Une politique futuriste ne lésine pas sur le développement du réseau ferroviaire et ne mise pas sur des billets plus chers, notamment. L'initiative pour les transports publics est donc plus que jamais nécessaire.

Union syndicale suisse: le nouveau fonds d'infrastructure ferroviaire doté de 3,5 milliards de francs d'ici 2025 est beaucoup trop limité. Le Parlement est appelé à améliorer nettement le message du Conseil fédéral, qui n'est pas une alternative à l'initiative de l'ATE.

Conférence des directeurs cantonaux des transports publics: les points essentiels du message sont soutenus, en premier lieu le fait que la Confédération participera finalement aux surcoûts et que les cantons seront associés aux travaux. La CTP prévient toutefois que les 3,5 milliards prévus dans un premier temps ne suffiront pas pour compenser la croissance fulgurante observée notamment dans les agglomérations. Elle attend que ce montant soit porté à 6 milliards pour soutenir des projets dans toutes les régions

Association suisse des transports routiers: le messager du Conseil fédéral n'est pas satisfaisant et en particulier à la désaffectation prévue des fonds routiers, entre autres la RPLP, en faveur du rail au-delà de 2030. Au final, tout le monde paie plus pour financer le rail, résume l'ASTAG.

Union des villes suisses: les passagers des transports ferroviaires pourraient finalement opter pour la route et le Conseil fédéral risque ainsi de manquer sa cible. Elle aussi constate que le fonds n'est pas suffisamment doté, ce qui pourrait impliquer des reports de charges sur les caisses des villes et des cantons.

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