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La lutte contre le hooliganisme fait des mécontents

Des hooligans du FC Zurich cagoulés et "armés" de piquets servant plutôt à faire flotter les drapeaux de leur équipe. [Alessandro Della Bella]
Les cantons veulent durcir l'arsenal de répression contre les hooligans. - [Alessandro Della Bella]
Les cantons perdent patience avec les clubs de football. Pour maîtriser la violence dans et autour des stades, ils veulent renforcer les mesures contre les hooligans et poser des conditions aux matchs. Ces dispositions ne plaisent pas aux supporters ni à la Swiss Football League.

"Chaque week-end où des matchs de football ou de hockey ont lieu, il faut mobiliser 900 policiers pour assurer la sécurité", a relevé jeudi devant la presse à Berne Karin Keller-Sutter, présidente de la Conférence des directeurs de départements cantonaux de justice et police (CCDJP). Ce coût est trop lourd pour la collectivité.

Désormais, un concordat révisé pose un cadre clair et uniformisé pour toute la Suisse. Ce document, qui remplace celui de 2007, a été adopté à l'unanimité jeudi par la CCDJP. Le but est clairement de pouvoir diminuer à terme l'engagement des forces de police. Il mise surtout sur la bonne volonté des clubs qui ont une responsabilité dans la lutte contre le hooliganisme.

Marge de manoeuvre des cantons

Chaque match de football ou de hockey du championnat national sera soumis à autorisation. Les cantons pourront de cas en cas assortir ce feu vert de conditions comme des mesures sur l'encadrement des supporters, la vente de boissons alcoolisées, ou les contrôles d'accès. Ils pourront aussi exiger le port de documents d'identité afin de s'assurer qu'aucune personne interdite de stade et fichée dans la banque de données HOOGAN ne puisse entrer.

Si un club se voit refuser une autorisation, le match n'a pas lieu. Les autorisations pourront être délivrées en principe pour une certaine période. Mais les autorités entendent aussi se réserver la possibilité de réagir au cas par cas. Les spectateurs pourront être soumis à des fouilles corporelles. Les agents de sécurité seront habilités à palper les fans sur les vêtements "indépendamment d'un soupçon". Une fouille intime pourra être effectuée par la police "en cas de soupçon concret" et avec la participation de personnel médical.

Sanctions plus dures

Le concordat renforce en outre les interdictions de stade pour des hooligans qui auraient participé à des actes de violence avérés. L'interdiction de périmètre ne sera plus limitée à un an mais ira jusqu'à trois ans.

Sur le plan financier, les cantons restent libres de fixer avec les clubs leur participation aux coûts de sécurité. Des conventions ont déjà été conclues avec plusieurs clubs comme St-Gall, Young Boys, Lucerne ou Bâle. D'autres ont privilégié un cadre législatif comme à Neuchâtel. Mais depuis la faillite du club, le canton risque bien de se retrouver avec une ardoise d'un million que le Xamax aurait dû prendre à sa charge, a relevé Jean Studer.

Le nouveau concordat entrera en vigueur en fonction de sa ratification dans chaque canton.

Fans et SFL mécontents

Les cantons ne sont finalement pas entrés en matière sur les doutes de la Swiss Football League (SFL) en matière d'autorisation. Lors de la consultation, elle voulait limiter celle-ci uniquement aux matchs à risque, arguant que cette nouvelle réglementation mettait en danger le championnat. Mais pour le directeur de la police de St-Gall, Nino Cozzio, ces peurs sont sans fondement. Dans son canton, qui a adopté le régime de l'autorisation en 2010, les clubs se sont montrés conciliants.

Ces nouvelles dispositions ne plaisent pas aux supporters. Pour Thomas Gander responsable de "Fanarbeit Schweiz", les fouilles vont trop loin: "Si je dois baisser une seule fois mon caleçon avant d'aller voir un match, je ne reviendrai plus jamais", assène-t-il.

ats/vkiss

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