Choisir un autre avion que le Gripen coûterait un milliard de francs de plus, estime Ueli Maurer
Les concurrents de l'avion de chasse suédois Gripen coûteraient un milliard de francs de plus, selon le conseiller fédéral Ueli Maurer. L'ardoise pour les Rafale comme pour les Eurofighter se monterait à quatre milliards de francs, affirme-t-il dans un entretien à la Neue Zürcher Zeitung samedi.
Et de préciser que seule une partie des 3,1 milliards iront à Saab. Le reste représente notamment des coûts pour les missiles et munitions, la formation des pilotes et l'adaptation des aéroports.
Le meilleur rapport qualité-prix, selon le gouvernement
Le Conseil fédéral s'était prononcé en novembre dernier pour le modèle suédois Gripen afin de remplacer la flotte vieillissante des Tiger. Pour le gouvernement, le Gripen reste l'avion qui présente le meilleur rapport qualité-prix.
L'appel d'offres est définitivement clos, rappelle le chef du DDPS. On ne peut cependant pas exclure que les Etats allemand ou français, qui sont liés aux avionneurs, fassent une nouvelle offre et la "mettent en relation avec une proposition politique" (lire ci-contre et Avions de combat).
"Nous avons pris la bonne décision"
La polémique sur l'achat de nouveaux avions de combat a rebondi voici une semaine avec la publication par la presse de deux rapports d'évaluation confidentiels notant très mal le Gripen.
Mardi, Ueli Maurer a expliqué que ces documents de 2008 concernaient un ancien modèle de l'avion, C/D, et qu'il s'agissait de documents partiels et non du rapport final sur lequel s'est appuyé le Conseil fédéral pour faire son choix.
"On parle de deux rapports alors qu'il y en a eu 13 en tout", explique samedi dans un entretien aux quotidiens 24 heures et la Tribune de Genève le chef des forces aériennes Markus Gygax, qui a signé ces rapports.
Pour vérifier si le nouveau modèle, le Gripen E/ F, s'est amélioré par rapport au C/D, les forces aériennes le testeront "dès la première semaine de mai", a-t-il indiqué.
Pour Ueli Maurer, "il est exclu qu'il y ait eu le moindre dysfonctionnement" dans le processus du choix de l'avion de combat, faisant allusion aux critiques des médias et des parlementaires. "Les véritables experts, suisses comme étrangers, considèrent que nous avons pris la bonne décision".
Et de critiquer le comportement du Parlement. "Il n'est pas de la compétence des élus aux Chambres fédérales d'intervenir dans ce dossier". Leur tâche sera de discuter du message du gouvernement sur le sujet en juin, "et non pas d'intervenir dans la phase opérationnelle", conclut le conseiller fédéral.
ats/hof
Aucune contrepartie politique n'a pu être obtenue lors des pourparlers
Le conseiller fédéral Ueli Maurer a tenté en vain de lier l'achat d'avions de combat pour l'armée suisse à des contreparties politiques, indique-t-il par ailleurs dans l'interview publiée samedi dans la NZZ.
"Avant de nous décider pour le type d'avions, nous avons parlé avec les gouvernements concernés", explique le ministre de la -Défense.
Lors des nombreuses rencontres avec ses homologues français, allemands et suédois, avec lesquels "nous avons mené un travail de fond politique", "il n'a pas été possible de lier les avions à un autre paquet", indique Ueli Maurer.
"Les trois Etats étaient prêts à discuter d'une coopération dans le domaine militaire, mais pas dans d'autres secteurs, comme les impôts", relate-t-il.
Silvia Steidle, porte-parole du Département fédéral de la défense (DDPS), n'a pas souhaité dire si les accords fiscaux ont été abordés. "Il ne s'agissait pas de négociations, mais de discussions confidentielles entre quatre yeux".
Des thèmes politiques ont été évoqués, mais sans être discutés de manière plus approfondie, précise-t-elle.
La France a certes signalé être prête à des concessions politiques, indique encore Ueli Maurer. Mais finalement, lors d'une visite à Berne en octobre 2011, son ministre de la Défense a expliqué qu'un lien n'était malheureusement pas possible.
Si l'appel d'offres est définitivement clos, Ueli Maurer n'exclut pas que les Etats allemand ou français, qui sont liés aux avionneurs, fassent une nouvelle offre et la "mettent en relation avec une proposition politique".
"Si une telle proposition arrive, nous devrions l'étudier, ne serait-ce qu'en raison des habitudes diplomatiques", dit le conseiller fédéral.