La droite est nettement avantagée par rapport à la gauche. La quantité d'argent investi n'est toutefois pas le seul critère déterminant, souligne l'étude réalisée par l'institut zurichois Sotomo sur commande du Département fédéral de justice et police (DFJP).
La forte hausse des moyens dépensés lors des élections fédérales y est confirmée: 28 millions de francs en 2003, 35 millions en 2007, 42 millions en 2011. Et l'UDC se taille la part du lion. Entre mai et octobre 2011, le parti a dépensé 13 millions de francs en publicité, selon l'institut Media Focus. Si l'on ajoute les autres dépenses pour des campagnes de votations durant la législature, le total atteint 21 millions.
Suivent le PLR (respectivement 8,5 et 11 millions), le PDC (5 et 6 millions) et le PS (3,3 et 4 millions). Pour les autres formations, le total sur quatre ans s'échelonne entre 100'000 francs pour le Parti chrétien-social et un million pour les Verts.
Côté votations fédérales, 2,9 millions de francs ont en moyenne été investis par objet entre 2005 et 2011. Mais près 70% de l'argent a été dépensé dans dix campagnes. La plus chère (11 millions) a été celle en vue du scrutin de février 2009 sur la libre-circulation des personnes. Suivent le pourcent de TVA pour l'AI (2009/9 millions), l'élargissement de la libre-circulation à l'Est (2005/8 millions), les accords de Schengen/Dublin (2005/7 millions) et le référendum sur le taux de conversion minimal de la LPP (6,5 millions).
Les intérêts économiques priment
Les campagnes sur des thèmes de politique étrangère ou financière sont en moyenne plus chères (6 à 6,5 millions). A l'inverse, les sujets de société ne provoquent pas d'afflux d'argent (500'000 francs en moyenne par campagne). Car les intérêts économiques priment. Au moins 80% des thèmes qui ont entraîné de fortes dépenses ont un lien direct avec l'économie. Et les moyens ne sont pas également répartis entre les camps en présence.
Dans cinq cas sur six, le rapport dépasse le simple au double. Il est même de quatre pour un dans deux tiers des scrutins. Lors de la votation, en 2010, sur l'initiative du PS en faveur d'une imposition minimale des hauts revenus et grandes fortunes, près de la totalité des 6 millions investis ont été injectés par ses opposants. Un gouffre financier existe entre la droite et la gauche. Si l'UDC a le plus gros trésor de guerre, elle ne domine pas pour autant l'arène politique. Le rôle central est joué par les associations économiques qui assurent un soutien au PDC et au PLR en dépensant plus d'argent dans les campagnes que l'UDC. Les démocrates du centre en profitent toutefois pour se profiler.
L'argent ne fait pas tout, relativise l'étude
L'argent n'est pas le seul nerf de la guerre, relativisent les auteurs de l'étude. L'UDC a fait chou blanc en 2008 avec son initiative pour des naturalisations démocratiques malgré une campagne devisée en millions. Et le soutien à la libre circulation a augmenté de 2005 à 2009, alors que les opposants dépensaient toujours plus. Enfin, lors des élections de 2011, les Vert'libéraux et le PBD ont marqué des points malgré un budget très modeste.
ats/olhor
Le débat sur la transparence fait rage
Le débat sur la transparence n'a cessé de faire rage ces dernières années. Le groupe Raiffeisen l'a récemment relancé en annonçant un nouveau système de dons aux partis, en fonction du nombre d'élus.
Le National se prononcera en mars. A son programme, une motion visant à rendre public l'argent investi dans les campagnes de votation tout en laissant de côté, à dessein, le financement des partis. Le texte n'a passé la rampe du Conseil des Etats que par 22 voix contre 18 et la commission préparatoire du National s'y oppose par 12 voix contre 10.
Jusqu'ici réfractaire à toute intervention, le Conseil fédéral devrait s'inviter prochainement dans le débat. Il décidera ce printemps de la marche à suivre, après que le Groupe d'Etats contre la corruption (GRECO) a recommandé à la Suisse d'adopter une réglementation et lui a demandé de remettre un rapport d'ici fin avril 2013.