Alain Berset prend le contre-pied de Didier Burkhalter et est prêt à rembourser les lunettes
Les verres des lunettes et les lentilles pour enfants seront à nouveau à charge de l'assurance maladie de base. Le Conseil des Etats a transmis lundi par 34 voix contre 5 une motion du National. Alain Berset a promis de revenir sur la décision de Didier Burkhalter. Mais le montant remboursé sera moindre, a-t-il prévenu.
La suppression du remboursement, décidée en décembre 2010 par Didier Burkhalter alors qu'il était encore ministre de la santé, a suscité un tollé. Pourtant, le radical refusait encore de revoir sa position cet automne, lors de l'annonce des hausses des primes maladie. Selon lui, sa décision a fait baisser le prix des lunettes.
Son successeur Alain Berset est désormais prêt à faire marche arrière, a-t-il expliqué devant les sénateurs. Une nouvelle expertise a en effet changé la donne entre-temps. Il en ressort que la plupart des défauts visuels qui ne sont pas liés à une maladie primaire doivent être traités chez un enfant pour éviter des complications qui pourraient avoir des conséquences irréversibles.
Et les frais engendrés par l'achat de lunettes sont vraisemblablement moins élevés que ceux d'un traitement d'une amblyopie ou l'opération d'un strabisme. "Avec ou sans le soutien du Parlement, je vais réintroduire l'aide visuelle dans le catalogue" des prestations remboursées, a déclaré le nouveau ministre.
Moins de 180 francs
Le montant du remboursement de 180 francs qui prévalait jusqu'en 2011 devrait être revu à la baisse. "Les prix des lunettes ont chuté, il faudra en tenir compte". La limite d'âge pourrait aussi être revue.
Seule une poignée de sénateurs se sont opposés à la motion, à l'instar de Felix Gutzwiller (PLR/ZH) qui a dénoncé entre autres l'effet arrosoir de ce remboursement. "Devrait-on refuser de prendre en charge les frais d'une chimiothérapie parce que le patient est millionnaire?", a répliqué Liliane Maury Pasquier (PS/GE).
Et de rappeler que la Suisse est à peu près le seul pays au monde qui écarte tout le système dentaire de l'assurance maladie de base. "Avec les lunettes, c'est comme si on enlevait une deuxième partie du corps", a-t-elle lancé, en se demandant si on allait poursuivre avec les bras ou les jambes.
ats/pbug