Le résultat du vote concernant l'initiative de Franz Weber est resté très incertain tout l'après-midi et si le texte est finalement accepté d'un rien, 50,6% des votants (1,15 million de voix contre 1,12 million), les résultats définitifs font apparaître de nettes disparités, notamment entre les cantons touristiques et les autres, et d'une manière générale entre le nord et le sud du pays.
Ainsi, le canton urbain de Genève accepte l'initiative par 56% des voix. En revanche, le canton alpin du Valais dit un non très net, le plus fort du pays, à plus de 73,8%. Ailleurs en Suisse romande, Vaud adhère au texte à 62%, le Jura à 54% et Neuchâtel à 55%. Fribourg dit pour sa part oui d'un cheveu, par 50,8%.
Au total, 13,5 cantons acceptent l'objet, dont Zurich, Berne, Bâle-Ville (champion du oui avec 62,1%), Argovie et Soleure, et 9,5 le refusent, dont les cantons de Suisse centrale, les Grisons et le Tessin. Une division apparaît même au sein des deux demi-cantons d'Appenzell: Rhodes-Extérieures dit oui et Rhodes-Intérieures dit non.
Entrée en vigueur immédiate
L'initiative populaire "pour en finir avec les résidences secondaires" entre en vigueur immédiatement. La construction de nouvelles résidences secondaires sera limitée à 20% dès maintenant (12% actuellement), mais les autorisations de construire déjà délivrées et les constructions existantes ne sont pas concernées, a déclaré Doris Leuthard à l'issue du scrutin.
Nombre de points restent toutefois à éclaircir pour l'application de l'initiative. Dans plusieurs cantons, le oui du peuple et des cantons correspond à un arrêt immédiat des constructions, a souligné la conseillère fédérale. Il s'agit néanmoins encore de déterminer quels logements seront concernés. L'initiative parle uniquement de "résidences secondaires", sans les définir.
Protéger la nature
Lancée par la Fondation Franz Weber et Helvetia Nostra, l'initiative était soutenue par les milieux écologiques, notamment les associations Pro Natura, WWF ou ATE, qui veulent protéger la nature et les populations locales. Le PS et les Verts défendaient aussi le texte.
La droite et les milieux économiques, eux, suivaient eux l'avis du Parlement et du Conseil fédéral, qui recommandaient de voter non. Au nom du gouvernement, Doris Leuthard a d'ailleurs déclaré que ce résultat était une surprise, tout en disant comprendre l'importance que la population accorde au paysage et partage le souci d'éviter le mitage du sol et les lits froids.
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LES REACTIONS
Franz Weber, qui a lancé l'initiative
"Je suis fier de la Suisse, content que les Suisses aient voté pour leur propre intérêt. J'étais sûr de gagner, je sentais le courant populaire, la volonté de la population."
Vera Weber, fille de Franz Weber
"Notre initiative est une chance pour le Valais, car les beautés de ce canton vont être sauvegardées. Et ce sera un atout majeur".
WWF
"La majorité de la population et des cantons a réalisé le problème posé par le bétonnage du paysage qui fait la beauté de la Suisse."
Pro Natura
"C'est un juste retour de manivelle pour les promoteurs et les investisseurs qui ont bétonné les régions touristiques durant des décennies."
Le Conseil d'Etat valaisan
"Ce oui aura des conséquences importantes sur l'économie valaisanne et touchera probablement de façon importante le marché du travail de notre canton."
Jean-Michel Cina, directeur de l'économie valaisanne
"La concrétisation de cette décision risque de se heurter à des difficultés."
Fulvio Pelli, président du PLR
"Le peuple s'est trompé en acceptant cette initiative."
Yvan Perrin, vice-président de l'UDC
"La population veut l'initiative sur les résidences secondaires, nous devons maintenant l'appliquer."
Christophe Darbellay, président du PDC
"Les Verts libéraux ont été incapables de mener la campagne contre l'initiative de Franz Weber."
Christian Levrat, président du PS
"Il faut maintenant être flexible et pragmatique" pour l'application de l'initiative de Franz Weber.
Ueli Leuenberger, président des Verts
"On va être pragmatiques mais on va devoir respecter les principes du texte.".