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L'ancien patron d'UBS Oswald Grübel critique la stratégie de l'argent propre

Cette année, Oswald Grübel est l'invité d'honneur de la soirée de l'Albisguetli de l'UDC. [Walter Bieri]
Oswald Grübel craint que la stratégie du Conseil fédéral n'aie des conséquences néfastes pour l'économie dès 2020. - [Walter Bieri]
L'ancien directeur général d'UBS Oswald Grübel estime que la stratégie de l'argent propre du Conseil fédéral et les accords fiscaux signés par la Suisse affaibliront considérablement la place financière du pays.

L'ancien directeur général d'UBS et de Credit Suisse Oswald Grübel critique la stratégie de l'argent propre du Conseil fédéral et les accords fiscaux. Selon lui, la place financière suisse va s'effondrer et les conséquences pour l'économie seront perceptibles dès 2020.

"Les taux d'intérêt seront aussi élevés que dans le reste de l'Europe, nous aurons fixé le franc à l'euro et le taux de chômage sera similaire", prévoit Oswald Grübel dans une interview publiée samedi dans les quotidiens alémaniques "Tages-Anzeiger" et "Bund".

"Ça me fait vraiment mal, ce qui se passe ici", dit-il. Selon lui, la stratégie de l'argent propre est "inutilisable". "Le travail administratif pour les banques est bien trop grand. Pensez-vous que le client a un tampon sur le front qui montre s'il paie des impôts?", demande-t-il. Rien que l'ouverture d'un compte bancaire coûterait déjà 10'000 francs en raison du surplus de travail.

"La Suisse accepte chaque pression"

Interrogé sur l'accord fiscal avec l'Allemagne, Oswald Grübel répond: "si je siégeais au Parlement, je voterais contre". Pour lui, il est faux de négocier bilatéralement avec chaque pays. "La Suisse accepte chaque pression". La France et l'Italie voudront plus que ce que prévoit l'accord avec l'Allemagne. Les Allemands reviendront donc avec de nouvelles revendications, affirme-t-il.

"Cette politique est irréfléchie. La place financière va se rétrécir, bien plus que d'autres places financières", estime l'ancien banquier. Une suppression de 20'000 emplois est "possible", selon lui.

Pour Oswald Grübel, le sauvetage "inutile" d'UBS par le Conseil fédéral en 2008 est en partie responsable du recul de la place financière suisse. "Depuis, Berne a les banques entre les mains et fait pression pour une place financière sans risque".

A la place d'accords fiscaux bilatéraux, l'ex-banquier propose que la Suisse s'allie avec le Luxembourg et l'Autriche, qui sont des exceptions au sein de l'Union européenne (UE) et ne connaissent pas l'échange automatique d'informations. Et ensuite, elle serait en mesure de négocier avec l'UE.

ats/vkiss

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Oswald Grübel

L'Allemand Oswald Grübel a passé plus de 40 ans au sein du secteur bancaire helvétique. Directeur général de Credit Suisse jusqu'en 2007, il est parvenu à remettre la grande banque sur les rails. Appelé à la tête d'UBS en 2009, il a redressé l'établissement miné par les affaires d'évasion fiscale aux Etats-Unis et la crise financière. Il a démissionné en septembre 2011, emporté par l'affaire des transactions frauduleuses d'un courtier londonien.