Le Conseil fédéral a approuvé mercredi le premier paquet de mesures de la "stratégie énergétique 2050". La ministre de l'énergie Doris Leuthard a souligné que les modèles élaborés par son département "confirment que la sortie progressive du nucléaire est réalisable et que ses conséquences économiques seront limitées".
Les mesures n'entreront en vigueur qu'en 2015 et la sortie du nucléaire devrait coûter environ 30 milliards de francs à la Suisse d'ici 2050. En outre, des frais vont s'ajouter pour la rénovation et le développement du réseau électrique. Il va en coûter de 42 à 82 millions de francs par année à la Confédération.
La nouvelle politique énergétique suisse table sur une baisse de la consommation globale d'énergie de 70 terawattheures (TWh) et de la consommation d'électricité de 21 TWh d'ici 2050 "par rapport à la tendance actuelle".
Renouvelable, taxe et usine à gaz
Pour compenser l'énergie nucléaire, la production d'énergies renouvelables devrait être accrue d'un tiers et l'efficacité énergétique améliorée, notamment dans le bâtiment. Les instruments d'encouragement devraient être renforcés.
La taxe sur le CO2 devrait être relevée de 36 francs par tonne à 60 francs. Le supplément prélevé auprès des consommateurs pour le courant vert devrait quant à lui passer de 0,45 centime par kilowattheure à 1,9 centime, ce qui devrait rapporter 1,2 milliard de francs.
Le Conseil fédéral souhaite que sa stratégie énergétique repose le moins possible sur le gaz, dont les rejets en CO2 sont importants. Mais il est responsable de l'approvisionnement en électricité du pays et table sur la construction d'une centrale à gaz d'ici à 2020, a annoncé mercredi Doris Leuthard.
A cette date, trois centrales nucléaires seront débranchées, a justifié la ministre de l'Energie devant la presse. Le chiffre d'une centrale à gaz est bien loin des spéculations de la presse dominicale. Dimanche dernier, la fourchette évoquée est allée jusqu'à sept centrales à gaz selon les parutions.
ats/cab
Une stratégie plus ou moins bien accueillie
Commentant la stratégie énergétique du Conseil fédéral, le conseiller national Roger Nordmann (PS/VD) a évoqué "un déblocage important pour les énergies renouvelables".
Le texte "laisse trop de place au gaz et aux importations de courant", estime en revanche son collègue Christian van Singer (Verts/VD).
Le vice-président de l'UDC Yvan Perrin qualifie cette stratégie de "dangereuse" et "trop dépendante" de fournisseurs extérieurs "incertains".
Et le PLR a jugé le "paquet" des mesures trop "vague" et "problématique".
"Des centrales à gaz sont un moindre mal par rapport à des centrales nucléaires", a affirmé de son côté le président du PDC, Christophe Darbellay.
Les associations de protection de l'environnement se disent elles "surprises positivement" par le concept d'Energie 2050.