Modifié

HSBC a livré des noms de collaborateurs à Washington

Malgré l'affaire Falciani, HSBC Suisse a attiré 8,5 milliards de francs d'argent frais en 2010.
L'enquête d'Alexandra Cohen et les interviews de Denise Chervet et Dominique Warluzel / Forum / 11 min. / le 24 avril 2012
Des noms d'employés genevois de la banque HSBC ont bel et bien été transmis au département américain de la Justice. L'information suscite une vive émotion au sein de l'établissement.

Le Conseil fédéral avait autorisé à mi-avril les onze banques suisses en litige avec les Etats-Unis à transmettre les noms de leurs collaborateurs en cause. On savait déjà que Credit Suisse faisait partie de la liste, l'enquête de RTSinfo confirme aujourd'hui le nom d'un deuxième établissement: HSBC. Et les données transmises à Washington ne sont effectivement pas cryptées. Autrement dit, la justice américaine dispose des noms complets de certains collaborateurs.

Tollé à l'interne

L'information a suscité l'incompréhension et la confusion au sein d'HSBC à Genève. En fin de semaine dernière, tous les salariés de l'établissement ont reçu une notice les informant qu'ils pouvaient composer un numéro de téléphone interne pour savoir si leur nom figurait sur la liste. Et les appels ont été nombreux. Pour l'heure, impossible de savoir le nombre d'employés concernés. Parmi ces derniers, certains  n'ont pourtant jamais eu de contact avec la clientèle américaine et ne comprennent donc pas la présence de leur nom sur le document. Cette situation suscite la colère et un sentiment de trahison à l'interne - sentiment que les responsables de la banque ont compris.

Des "interrogatoires individuels"?

Dans une note interne datée de ce lundi, il est fait mention d'une aide juridique qui pourrait être actionnée par HSBC pour les employés qui seraient directement interpellés par la justice américaine. Mais la banque, contactée cet après-midi, refuse de s'exprimer publiquement sur le sujet pour le moment. Ce qui paraît cependant vraisemblable aujourd'hui,  c'est que les employés d'HSBC devraient collaborer avec les Américains. A priori et selon des sources internes, il pourrait s'agir d'"interrogatoires individuels". Les collaborateurs se présenteraient en leur nom propre et non pas au nom de la banque - même s'ils seraient en mesure de demander une protection juridique de l'établissement. C'est en tous cas l'hypothèse qui est formulée aujourd'hui par ces mêmes sources.

Certains employés ont déjà pris conseil auprès d'avocats spécialisés qui se trouvent eux aussi face à une situation exceptionnelle. Il faut dire que la période est tout à fait particulière; le Conseil fédéral a accepté une collaboration avec les Etats-Unis qui s'inscrtit dans le cadre de la demande d'entraide spécifique pour aider le fisc américain à traquer ses citoyens en délicatesse. Dès lors, seule recommandation faite par les juristes, "ne pas se rendre sur le territoire américain en attendant plus de précisions". Selon la dernière communication interne d'HSBC et transmise à l'ensemble du personnel, les employés qui ne figurent pas sur la liste peuvent toujours se rendre aux Etats-Unis à titre privé. Quant à ceux qui se trouvent dans une position dite "délicate", ils ont déjà été informés individuellement par la banque des consignes à suivre; ce qui selon nos sources, se traduit par une interdiction formelle de se rendre aux USA.

Alexandra Cohen/oang

Publié Modifié