La Suisse a décidé de se faire livrer les 22 avions de combat Gripen du constructeur suédois Saab en même temps que la Suède, ce qui implique un report de près de deux ans, a annoncé mercredi le ministère suisse de la Défense. "Il apparaît qu'il est dans l'intérêt de la Suisse d'acheter les 22 Gripen en parallèle et en commun avec l'État suédois qui prévoit de commander 60 à 80 avions", a expliqué le ministère de la Défense Ueli Maurer.
Cette démarche a l'avantage de créer des synergies tant au niveau de la fabrication des avions qu'en ce qui concerne le développement du programme. "Toutefois, cette formule entraîne un retard de près de deux ans dans la livraison des avions afin que ces derniers puissent être acquis en même temps que ceux de la Suède" qui entend introduire le modèle vers 2020, ont ajouté les autorités.
Fonds spécial pour le financement
Ueli Maurer a également annoncé que le gouvernement souhaitait créer un fonds spécial pour financer l'achat de 22 avions qui sera doté d'environ 300 millions de francs suisses par an. Le programme d'acquisition devrait être soumis au Parlement en octobre prochain.
En raison du report de la livraison des avions, le Conseil fédéral propose au Parlement d'augmenter le budget de l'armée à 4,7 milliards de francs suisses dès 2015. En revanche, le gouvernement maintient sa volonté de ne pas dépenser plus de 3,13 milliards de francs suisses pour l'achat des 22 Gripen.
L'achat des avions de combat, annoncé fin 2011, a provoqué de nombreux remous dans la Confédération. Le 30 novembre 2011, Berne avait annoncé que son choix, pour renouveler sa flotte d'avions de combat vieillissante, se portait sur le Gripen, qui était en compétition avec le Rafale du français Dassault et l'Eurofighter du groupe EADS.
En février, plusieurs médias ont divulgué un rapport d'évaluation des Forces Armées daté de 2009, selon lequel "l'efficacité globale du Gripen MS21 demeurait insuffisante pour affronter les menaces futures, au-delà de 2015".
afp/ats/pbug
Réactions des partis
Les principaux partis ont bien accueilli mercredi la décision du Conseil fédéral de constituer un fonds pour l'achat de nouveaux avions de combat, de même que le report de la livraison. La gauche et le PLR saluent en particulier la possibilité de référendum.
Pour le PLR, tant l'achat repoussé des jets de combats que leur financement à travers un fonds font sens, a indiqué Corina Eichenberger, conseillère nationale argovienne. Elle estime également "positif" que le fonds soit soumis au référendum et que le peuple puisse ainsi avoir le dernier mot sur l'achat des Gripen.
Le Parti socialiste aussi est content que l'achat soit soumis au référendum. "C'est très bien que le peuple puisse se prononcer" sur ce sujet, s'est réjouie la conseillère nationale Chantal Galladé (PS/ ZH), interrogée par l'ats. Elle se demande toutefois si les avions seront vraiment livrables dès 2018.
Pour les Verts également, la possibilité d'un référendum est déterminante, comme l'a expliqué le vice-président Jo Lang, par ailleurs membre du comité du Groupe pour une Suisse sans armée. Quant au report, il estime que cela montre à quel point l'objet est controversé et douteux.
Le président de l'UDC Toni Brunner se dit surpris. Mais pour lui, le moyen de remplacer les Tiger importe moins que la volonté politique d'acheter effectivement de nouveaux avions: "Il faut une solution praticable". Hans Fehr (UDC/ZH), membre de la commission de la politique de sécurité, estime que ni un fonds ni un programme d'économies ne sont nécessaires. Les avions doivent être payés sur le budget de l'armement, selon lui.