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La position du Conseil fédéral sur le deuxième pilier jugée trop timide

La population suisse prend de l'âge. Le pays comptera 2,5 millions de personnes de plus de 65 ans en 2060.
La population suisse prend de l'âge. Le pays comptera 2,5 millions de personnes de plus de 65 ans en 2060.
Au terme de la procédure de consultation lundi, le rapport du Conseil fédéral sur le deuxième pilier laisse partis et syndicats sur leur faim.

Au terme de la procédure de consultation lundi, le rapport du Conseil fédéral sur le deuxième pilier divise. Les avis divergent sur la baisse du taux de conversion, et donc des futures rentes; droite et gauche se rejoignent néanmoins pour déplorer que le gouvernement ne prenne pas clairement position sur les mesures proposées.

Dans son rapport de 160 pages destiné au Parlement, le Conseil fédéral détaille les solutions envisageables; la baisse du taux de conversion en constitue un des points centraux. Malgré le refus du peuple il y a deux ans, le gouvernement défend cette idée, qu'il justifie par les mauvais rendements des marchés et la hausse de l'espérance de vie estimée, en 2015, à 20,4 années après la retraite pour les hommes (23,1 pour les femmes).

Le gouvernement préconise que ce taux minimal pour la partie obligatoire de l'assurance soit progressivement porté à 6,4% d'ici 2015. Il est actuellement de 6,9% pour les femmes et de 6,95% pour les hommes.

Le statu quo "mènerait à l'effondrement" du système de retraites

Fait plutôt rare, les partis de droite et du centre ont pris une position commune: l'UDC, le PLR, le PDC, les Vert'libéraux, le PBD et le PEV veulent accélérer les réformes du deuxième pilier, estimant que le statu quo "mènerait directement à l'effondrement" du système de retraites.

La droite, l'Association des institutions de prévoyance (ASIP) et les milieux économiques -notamment Economiesuisse, la faîtière des PME (usam) ou l'Union patronale suisse (UPS)- plaident pour une baisse du taux de conversion.

L'usam s'oppose cependant à une augmentation des cotisations d'épargne. L'organisation prône, par exemple, une hausse de l'âge de la retraite. Pour l'USP, rien ne sert de chercher des solutions du côté des frais d'administration comme le suggère la gauche, car le potentiel d'économies dans ce domaine ne sont "pas suffisants pour financer des taux de conversion excessifs". L'USP préconise aussi une hausse de l'âge de la retraite.

Nécessité d'une réflexion globale

Du côté de la gauche et des syndicats, on s'interroge sur la pertinence des chiffres avancés pour l'espérance de vie et le rendement des capitaux, et l'on plaide pour que les perspectives soient analysées sur le moyen et long terme.

Le PS rejoint la position de la droite et du centre sur la nécessité d'une réflexion globale incluant le premier pilier (AVS) et le deuxième. Toutefois, avant de proposer un baisse des rentes, les socialistes exigent de diminuer les frais administratifs et de gestion de fortune supportés par les assurés, soit une économie potentielle de 3,9 milliards de francs. Une proposition que défendent également la Fédération des retraités (FARES), l'Union syndicale suisse (USS) et le syndicat Travail.suisse. Ce dernier n'exclut pas a priori un abaissement du taux de conversion.

Les principaux partis, les syndicats, les organisations patronales et économiques ainsi que l'ASIP sont toutefois unanimes sur un point: ils déplorent que le Conseil fédéral ne prenne pas position sur les mesures proposées, et font pression sur le nouveau ministre de l'Intérieur Alain Berset pour que des priorités claires soient fixées.

ats/ptur

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