Le printemps arabe et la crise de la dette ont bouleversé la donne en matière de sécurité pour la Suisse, note le service de renseignement de la Confédération dans son rapport annuel, présenté mardi. Le ministre de la Défense Ueli Maurer en profite pour insister sur la nécessité d'offrir aux agents un nouvel arsenal de mesures préventives, mais le sujet reste polémique.
Dans son rapport, le service de renseignement dessine les perspectives sécuritaires pour la Suisse: avec le printemps arabe, le pays doit s'attendre à une "migration constante et assez forte". Des risques pour les citoyens et les ambassades helvétiques dans les pays concernés ne doivent en outre pas être écartés. Les conséquences pour la Suisse en termes d'approvisionnement énergétique sont en revanche jugées assez faibles.
La Suisse n'est pas une cible prioritaire des djihadistes
Sur le plan du terrorisme, l'interdiction des minarets en Suisse n'a pas débouché sur une aggravation de la menace jihadiste; toutefois, il n'est pas exclu que ce thème soit instrumentalisé en combinaison avec d'autres, comme une éventuelle interdiction de la burqa, note le rapport. Les enlèvements restent un risque pour les touristes helvétiques. En outre, le service de renseignement considère les personnes qui partent à l'étranger se former au jihadisme (des départs ont été observés mais pas de retour) comme un risque potentiel.
En ce qui concerne les extrêmes, la disposition à la violence des extrémistes suisses est jugée plus faible qu'à l'étranger. La prolifération d'armes présente en revanche de multiples risques. Enfin, la Suisse n'est pas à l'abri des espions, qui pourraient vouloir s'en prendre à ses institutions, à son économie, ou aux organismes internationaux et aux étrangers vivant sur son territoire. Le problème majeur à l'avenir restera la menace de cyberattaques.
"Exigences toujours plus élevées"
"L'exemple du printemps arabe montre à quel point la situation peut changer de manière inattendue, rapide et profonde, note le ministre de la défense Ueli Maurer en préface du document. "Il faut préparer le service de renseignement à affronter les exigences toujours plus élevées auxquelles il va devoir faire face." Le conseiller fédéral se dit persuadé qu'il est possible de concilier meilleure efficacité et protection des droits fondamentaux.
Une nouvelle loi sur les services de renseignement doit être présentée cette année et pourrait donner plus de pouvoirs au renseignement, mais on ignore pour l'heure quelles mesures pourraient être prises. D'autant que le sujet reste sensible: en 2007, le Conseil fédéral avait voulu autoriser les agents fédéraux à placer sous surveillance des communications, des lieux privés ou des systèmes informatiques; malgré les garde-fous prévus, le Parlement lui avait retourné sa copie.
ats/ptur