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Pourquoi le mélanome est-il si fréquent en Suisse?
Deux mille nouveaux cas de mélanomes sont diagnostiqués chaque année en Suisse, ce qui en fait le quatrième cancer le plus fréquent dans le pays, selon l'Office fédéral de la statistique. En outre, le taux de nouveaux cas a été multiplié par plus de 1,5 au cours des deux dernières décennies, au point de placer la Suisse en tête des pays d'Europe les plus touchés (et au deuxième rang mondial après l'Australie). Ces chiffres sont notamment le résultat d'un niveau de vie élevé, qui permet aux Suisses de partir régulièrement en voyage dans des zones très ensoleillées.
"Ce sont les mélanomes minces dont l'épaisseur est inférieure à 4 mm, soit à un stade peu avancé, qui ont beaucoup augmenté", nuance toutefois Laurence Feldmeyer, chef de clinique en dermatologie au CHUV de Lausanne. "Le taux de mélanomes diagnostiqués à un stade avancé est quant à lui stable." La prévention, plus efficace, permet de détecter plus de mélanomes, plus tôt, et de mieux les répertorier. Ainsi, le nombre de cas diagnostiqués augmente, mais il ne s'agit pas nécessairement des plus graves.
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Quels sont les facteurs de risque?
On considère que le principal facteur de risque est l’exposition aux rayons ultra-violets (UV), qu'ils viennent du soleil ou des solariums. Le risque varie aussi selon le type de peau: les peaux claires sont, d'une manière générale, plus à risque que les peaux foncées, qui contiennent davantage de mélanine. L’existence de nombreux grains de beauté, les antécédents familiaux ou personnels de cancer de la peau et les prédispositions génétiques sont également des facteurs de risque. Enfin, on estime qu'une exposition solaire avant l'âge de 20 ans est plus dangereuse qu'après.
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Comment se prémunir?
Dans un premier temps, en évitant le solarium et une exposition abusive au soleil, surtout entre 11 et 15 heures. Dans un second temps, en n'hésitant pas à faire examiner sa peau. "La plupart des mélanomes diagnostiqués le sont par les patients eux-mêmes ou par leur famille", insiste Laurence Feldmeyer. Un mélanome n'est certes pas simple à détecter, mais le système "A-B-C-D" peut être un bon indicateur: un grain de beauté est suspect et doit être montré à un dermatologue s'il est asymétrique (A), si ses bords (B) sont irréguliers (forme de nuage), s'il compte plus de deux couleurs (C) ou s'il est dynamique (D), c'est-à-dire que sa forme évolue.
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Guérit-on bien du mélanome?
On guérit dans la majorité des cas de mélanomes détectés à un stade peu avancé, qui peuvent être traités par la chirurgie. Ensuite, plus la maladie est diagnostiquée tôt, meilleures sont les chances de guérison. En Suisse, le mélanome est responsable d’environ 2% de tous les décès par cancer, soit environ 280 par an. En moyenne, 89% des malades vivent au moins 5 ans après avoir été diagnostiqués. "Une petite révolution dans la recherche est survenue en 2011, avec la mise sur le marché de deux nouvelles molécules: le Vemurafenib, et l'Ipilimumab" commente Laurence Feldmeyer. "Toutefois, ces médicaments sont destinés à des mélanomes de stade avancé, et permettent d'allonger la vie de quelques mois mais pas de le guérir totalement. Le mélanome reste donc globalement une maladie menaçante". Les dermatologues estiment que sensibiliser la population à ces risques est le meilleur remède.
Pauline Turuban