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Tamoil brise le silence sur le problème de pollution à la raffinerie de Collombey

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Le canton du Valais a fixé toute une série d'exigences à remplir par la raffinerie de Collombey. - [Laurent Gillieron]
Menacée de fermeture par le canton du Valais, la raffinerie Tamoil de Collombey s'explique pour la première fois sur les retards dans les travaux d'assainissements demandés et assure que tout sera fait pour respecter les normes environnementales.

Menacée de fermeture par le canton du Valais, la raffinerie Tamoil de Collombey s'explique pour la première fois sur les retards dans les travaux d'assainissements demandés. Ceci alors que selon l'enquête menée par les équipes de Mise au Point, les rejets dans l'air et dans l'eau dépassent régulièrement les normes environnementales.

Construite en 1964, la Raffinerie fait presque partie du paysage dans la région. Mais à Collombey-Muraz, la tension est à son comble. D'épaisses fumées noires sont visibles régulièrement, ainsi que des torchages bruyants. Le canton du Valais a exigé à plusieurs reprises que la société Tamoil SA, qui possède la raffinerie, effectue des travaux d'assainissement et se mette en règle. Désormais, un ultimatum a été posé pour septembre, sinon la raffinerie fermera. Lire aussi: Le canton du Valais menace d'interdire le redémarrage de la raffinerie de Collombey

Responsable du dossier, le Conseiller d’Etat Jacques Melly se montre très ferme: "il est évident que les prélèvements démontrent clairement qu'il y a un non-respect, et qu'en amont il n'y a pas non plus de volonté manifeste de traiter le problème donc pour nous la situation est claire. Nous n’acceptons plus aucun délai complémentaire".

Pollutions fréquentes

Mais quelle est l'ampleur de la pollution? Malgré nos demandes, les mesures régulières de la qualité de l’air et de l’eau autour de la raffinerie ne nous ont pas été transmises. Tamoil, qui fournit ces données à l'Etat du Valais, s’y est opposé. Notre enquête nous permet toutefois d’affirmer que les dépassements ont été fréquents et pour l’air et pour l’eau. Dans ce dernier cas, nous avons également effectué notre propre prélèvement sur un rejet dans le Rhône. Une analyse indépendante affirme que la pollution en hydrocarbures aromatiques est 7 fois supérieure aux normes autorisées.

Tamoil SA a accepté de nous répondre, après deux ans de silence médiatique sur ce dossier. Stéphane Trachsel, membre de la direction, conteste la méthode utilisée pour notre analyse de l'eau. Le jour de notre prélèvement, la qualité de l’eau était aux normes selon les mesures effectuées par l'entreprise. Toutefois, il reconnaît quelques manquements: "concernant l'air, en moyenne, les trois cheminées sont nettement inférieures aux limites légales. Si on exclut les périodes de démarrage et d'arrêt de notre usine, il y a des pics d'émission horaires journaliers qui sont dépassées, ça nous le reconnaissons, mais qui sont très sporadiquement dépassées et nous informons immédiatement les autorités de ces dépassements".

Rôle de la guerre en Libye

En ce qui concerne les retards dans la mise en place des mesures d'assainissement, Stéphane Trachsel répond: "nous avons eu effectivement quelques retards dans l'exécution de certains travaux, mais il ne faut pas oublier dans quelle situation nous étions en 2011 lorsqu'il y avait  la guerre en Libye. [ndlr : Tamoil est détenu par un fond souverain libyen]. Nous avions des problèmes financiers (…) et nous avons préféré concentrer nos moyens pour pérenniser l'activité du site et garder de l'argent pour les jours à venir pour pouvoir continuer à exploiter toute notre société.

Par ailleurs, l'entreprise promet qu'elle respectera l'ultimatum fixé par l'Etat du Valais. Stéphane Trachsel affirme: "nous pensons que fixer un ultimatum n’est pas la meilleure voie à suivre pour réaliser un projet environnemental ambitieux dans un court laps de temps. Nous pensons que la coopération et le dialogue entre toutes les parties seraient la meilleure voie à suivre pour réaliser en commun cet objectif. Mais nous tenons cependant à donner toutes les assurances à nos partenaires commerciaux, clients et collaborateurs pour leur assurer que nous entreprenons toutes les mesures afin de continuer les travaux que nous devons faire pour pérenniser l’exploitation de notre entreprise".

Maria Pia Mascaro, Olivier Tornay.

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