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Toujours plus de soupçons de blanchiment d'argent en Suisse

En tout, 1159 annonces de soupçons ont été enregistrées. [Martin Ruetschi]
Augmentation très sensible des cas de soupçons de blanchiment d'argent en 2011. - [Martin Ruetschi]
Les autorités suisses de lutte contre le blanchiment d'argent ont fortement ressenti les effets du Printemps arabe. Jamais encore depuis la création en 1998 du Bureau de communication, celui-ci n'a enregistré autant de cas, pour un montant record de 3,3 milliards de francs.

Pour la cinquième année consécutive, les communications de soupçons de blanchiment d'argent ont augmenté de manière très claire, passant de 1159 en 2010 à 1625 en 2011 (+ 40%). Elles représentent plus de 3 milliards de francs au total, indique le Bureau de communication en matière en blanchiment d'argent dans son rapport publié lundi.

Le Bureau a enregistré 135 cas provenant d'Egypte, de Tunisie, de Libye ou de Syrie. Ils représentent un montant de près de 600 millions de francs, alors qu'aucune communication ne provenait de ces pays encore l'année précédente.

Corruption en forte hausse

Si l'escroquerie demeure l'infraction préalable présumée qui est à l'origine du plus grand nombre de communications, la corruption est en forte hausse s'agissant des montants en jeu (7 communications pour 791 millions de francs au total), notamment en lien avec l'Egypte.

Le trafic de stupéfiants demeure une des infractions préliminaires au blanchiment la plus souvent soupçonnée. En revanche, le nombre et surtout le montant des communications liées au financement du terrorisme a rarement été aussi bas.

Le Bureau reçoit les communications avant tout des banques sises en Suisse (1080 communications, soit 67% contre 71% en 2010). Parmi celles-ci, 36% sont en mains étrangères (32% en 2010), 29% sont des grandes banques suisses (26%).

Condamnations très rares

Les communications pour blanchiment d'argent qui aboutissent à des condamnations sont très rares. Sur les 4536 cas ayant fait l'objet d'une décision de justice, seuls 5,8% ont débouché sur une condamnation.

Dans 41,4% des cas, aucune procédure pénale n'a été ouverte au terme des enquêtes préliminaires. Il faut en chercher les raisons dans la difficulté et la longueur des demandes d'entraide judiciaires à l'étranger.

ats/pym

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L'ONG Action place financière suisse menacée

Active dans la lutte contre le blanchiment d'argent et la restitution d'avoirs de dictateurs à la population, l'ONG Action place financière suisse est mise à rude épreuve par deux décès inattendus et des problèmes financiers.

Les membres de l'ONG voteront sur sa dissolution lors de l'assemblée générale du 28 juin, a indiqué lundi à l'ats Andreas Missbach, membre du comité, confirmant une information du magazine germano-suisse "Welt-Sichten" (visions du monde).

En début d'année, l'organisation a perdu son directeur, André Rothenbühler, à l'âge de 55 ans, a expliqué la conseillère nationale Susanne Leutenegger Oberholzer (PS/BL), également membre du comité. L'an dernier, l'ancien directeur est lui aussi décédé, à 43 ans.

Les problèmes financiers de l'organisation ne lui permettront pas d'accueillir et former un nouveau directeur, selon la socialiste. Les délégués devront également décider en juin si Action place financière peut rejoindre en partie la Déclaration de Berne, a ajouté Andreas Missbach. Les collaborations entre les deux ONG sont aujourd'hui déjà très développées, en particulier en Suisse romande, a-t-il expliqué.