Fin novembre 2011, les brigadiers, divisionnaires et autres commandants de corps de l'armée - actifs comme retraités - ont reçu un courrier leur demandant de garder le silence sur le processus d'acquisition des nouveaux avions de combat en cours ayant débouché sur le choix du Gripen suédois.
Cette demande par écrit a été suivie d'une remise à l'ordre. Selon une information de l'émission Forum de la RTS, une seconde lettre a en effet été envoyée par le chef de l'armée André Blattmann en février 2012, soit trois mois après que le Conseil fédéral a porté son choix sur le Gripen. Une décision contestée par de nombreux experts au sein de l'armée, qui auraient souhaité que le Rafale français soit retenu.
Durant ces trois mois, les critiques, y compris internes à l'armée, s'étaient multipliées jusqu'à pousser une commission parlementaire à enquêter sur le processus de sélection des avions. Le chef de l'armée a alors décidé de rappeler à ses officiers généraux leur devoir de réserve.
Dans cette seconde lettre, André Blattmann a expliqué que le Gripen était le choix du Conseil fédéral et que l'armée n'avait aucun commentaire à faire, la communication revenant exclusivement au chef du Département Ueli Maurer et ses chargés de communication.
Une remise à l'ordre mal vécue
Cette remise à l'ordre a été particulièrement mal vécue par les officiers généraux à la retraite, qui ont également été priés de se taire.
Parmi les officiers en activité, les critiques ne font pas l'unanimité. Certains reconnaissent que les deux lettres envoyées par le chef de l'armée manquent de tact, mais ils soulignent toutefois que les anciens officiers supérieurs doivent également apprendre à tirer leur révérence en acceptant les décisions de leurs successeurs, même s'ils ne les apprécient pas.
Pour rappel, suite aux fuites apparues dans la presse dominicale du week-end dernier concernant les tests des Gripen, la commission de la politique de sécurité du National a déposé une plainte pénale pour violation du secret de fonction. (Lire: Plainte du Conseil fédéral après les fuites de l'affaire Boutellier)
Christian Favre/mre