Chaque année en Suisse, quelque 15'000 à 25'000 personnes tentent de se suicider, et plus de 1000 personnes décèdent. La plupart des Suisses l'ignorent, et quelques idées reçues sur ce sujet tabou persistent, selon un sondage.
D'après cette enquête d'opinion réalisée par Isopublic dans toute la Suisse, en relation avec la campagne européenne "lean on me" ("compte sur moi"), une personne sur deux pense qu'il y a plus de décès dus aux accidents de la route qu'au suicide. Or, le suicide fait trois fois plus de victimes que la route.
En outre, la majorité des personnes interrogées croit que le suicide est un acte longuement réfléchi et planifié, alors que selon l'expert et psychiatre Konrad Michel, "le suicide est un acte de désespoir que la personne concernée n'aurait pas commis dans une situation différente". 80% des personnes ayant été confrontées au suicide ou à la tentative de suicide d'un proche affirment d'ailleurs ne pas s'y être attendues.
Spécialistes pris de court
"Même les spécialistes sont souvent pris de court", admet Konrad Michel pour qui le principal problème est que beaucoup gardent pour eux leurs idées suicidaires. Chacun devrait au contraire savoir qu'elles sont un signal d'avertissement et nécessitent une aide professionnelle. Selon les statistiques, 70% des suicides sont liés à une dépression, mais la population suisse tend encore à croire que ces symptômes peuvent être surmontés individuellement.
Autre idée reçue: l'opinion majoritaire (65%) selon laquelle le témoignage d'affection serait le meilleur moyen d'empêcher un suicide. Pour le psychiatre, ce geste ne peut être vraiment utile que dans une minorité de cas. Quoi qu'il en soit, la majorité des sondés, s'ils étaient confrontés à un proche en difficulté, réagiraient de manière adéquate, à savoir en le soutenant et en lui recommandant une aide professionnelle.
Accroître la sensibilisation
Cette méconnaissance de la réalité du suicide est surprenante puisque une personne sur deux connaît quelqu'un qui s'est ôté la vie, et plus de 80% des personnes interrogées estiment que les troubles psychiques sont "un problème grave, voire plutôt grave" en Suisse.
Quelque 70% des sondés jugent que le taux de suicide pourrait être réduit grâce à une sensibilisation accrue. Barbara Weil, de l'organisation Ipsilon, partage cette idée. Il faudrait davantage de campagnes de communication sur les causes et les conséquences des dépressions et suicides et sur les moyens de s'en sortir, selon elle.
ats/ptur