Le Conseil fédéral va soumettre à Bruxelles ses propositions pour relancer la voie bilatérale en réglant les questions institutionnelles. Malgré quelques réticences en consultation, le gouvernement s'estime soutenu par les cantons, le Parlement et les partenaires sociaux.
C'est le début de la phase de discussion avec l'Union européenne, s'est réjoui vendredi le ministre des affaires étrangères Didier Burkhalter devant la presse. Selon lui, l'audition a montré un large soutien à "l'approche pro-active du gouvernement" et une opposition totale à toute enfreinte de la souveraineté suisse.
Les relations entre la Suisse et l'Union européenne (UE) butent depuis deux ans sur la question de la reprise de l'acquis communautaire, Bruxelles plaidant pour un automatisme alors que Berne insiste sur le respect de son droit.
Nouvelle approche
Selon une nouvelle approche globale dévoilée fin avril, le Conseil fédéral propose que les deux parties négocient l'évolution du droit et que la surveillance des adaptations repose sur deux piliers, donc sans organe supranational.
Côté suisse, la tâche serait confiée à une nouvelle autorité nationale indépendante, dont les membres seraient nommés par le Parlement et assureraient une bonne application des accords sur le territoire helvétique.
Son pendant européen serait la Commission européenne. En cas de divergence d'interprétation avec l'UE, l'autorité helvétique pourrait engager une action en justice et aller jusqu'au Tribunal fédéral. L'UE pourrait agir de manière similaire jusqu'à la Cour européenne de justice. Un désaccord persistant serait examiné dans un comité mixte.
Critiques
Les réactions de Bruxelles à cette annonce n'avaient guère été enthousiastes. En Suisse, le scepticisme concernant la nouvelle autorité de surveillance a été assez large, a reconnu le conseiller fédéral.
Consultée comme son homologue du Conseil des Etats, la commission de politique extérieure du National a remis en cause la nature et les prérogatives de l'autorité, mais aussi le fait qu'elle restreindrait sa surveillance aux futurs accords bilatéraux
Les cantons ont soutenu l'autorité nationale, mais seulement si elle permet d'assurer de manière égale la conformité à l'accord aux niveaux de la Confédération et des cantons. Le Conseil fédéral a amendé ses propositions en ce sens.
La nouvelle approche doit permettre de trouver des solutions concrètes pour des dossiers en cours comme l'électricité. La balle passe dans le camp de l'Union européenne. Une lettre contenant les propositions suisses sera envoyée ces prochains jours aux autorités européennes.
ats/mre
Les autres décisions
Prostitution
Les femmes des pays hors UE et AELE ne devraient plus pouvoir venir en Suisse comme "artiste de cabaret". Le Conseil fédéral veut abolir ce statut. Il estime qu'il n'offre plus assez de protection contre la traite d'êtres humains et la prostitution.
Le gouvernement a mis vendredi ce projet en consultation jusqu'au 2 novembre. Dans la foulée, il souhaite renforcer la protection des victimes. Il invite les cantons à continuer de développer les tables rondes sur la lutte contre la traite d'êtres humains et de sensibiliser davantage les milieux concernés.
Politique de croissance
Le Conseil fédéral a approuvée le rapport sur la politique de croissance 2012-2015. Il veut assurer la croissance du pays par toute une série de réformes. En sus de l'ouverture internationale, il veut aussi augmenter la concurrence sur le marché intérieur, notamment dans le domaine de la santé ou de l'agriculture.
Sécurité intérieure
Les personnes qui souhaitent savoir si elles apparaissent dans les dossiers du Service de renseignements (SRC) de la Confédération pourront lui adresser directement leur demande. Le SRC pourra néanmoins refuser la consultation des dossiers si des intérêts prépondérants l'exigent, en cas de terrorisme par exemple.
Evasion fiscale
Le Conseil fédéral a mis en consultation jusqu'au 8 octobre un projet pour introduire la collaboration pénale de la Suisse en cas d'évasion fiscale. La Suisse devrait à l'avenir offrir non seulement l'entraide administrative mais aussi l'entraide judiciaire à certains pays.
Sans papiers
Le gouvernement renonce à obliger les écoles à déclarer les élèves sans papiers, une mesure qui poserait des problèmes de compatibilité avec la constitution et le droit international.
Ecoles polytechniques
Le Conseil fédéral a approuvé le message sur le programme de constructions des écoles polytechniques fédérales.
Le Conseil fédéral demande au Parlement de libérer pour 2012 une enveloppe de 287,6 millions destinée notamment à un nouveau laser pour l'Institut Paul Scherrer (80,1 millions).