Les recettes du Parlement pour promouvoir les réseaux de soins intégrés ne seront pas appliquées. La révision de la loi sur l'assurance maladie a été balayée dimanche par 76% des votants. Tous les cantons ont dit "non". Le rejet a été cinglant en Suisse romande.
Les réseaux n'étaient pas contestés en tant que tels. Mais dans le domaine très sensible de l'assurance maladie, la complexité et surtout l'ambiguïté du projet ont été fatales. Les milieux référendaires, PS et médecins en tête, ensuite rejoints par l'UDC et le PBD, n'ont eu aucun mal à torpiller le projet.
Libre choix du médecin au centre
La crainte de ne plus pouvoir choisir librement son médecin a été décisive. Pas question non plus pour les opposants de la première heure de faire trop payer les assurés réfractaires, de donner carte blanche aux assureurs ou de prendre le risque que des soins ne soient plus fournis.
Plus de 1,48 million de votants ont glissé un "non" dans l'urne, près de 467'000 un "oui". Le refus le plus fort est venu de Suisse romande, où l'offre en réseaux est moindre. Les Vaudois, suivant leur ministre de la santé Pierre-Yves Maillard, sont les champions du "non" (91,2%) suivis par les Tessinois (87,5%). La Suisse orientale, où les réseaux sont mieux implantés, a été la moins réticente. Le canton le plus indulgent a été St-Gall avec un rejet atteignant tout de même 65,7%.
Les réseaux de soins doivent permettre de suivre un patient tout au long du traitement. En y recourant, l'assuré accepte de ne recevoir de soins que dans un cercle fermé. Selon le projet rejeté, celui qui rejoint une telle offre aurait continué de payer de sa poche 10% des frais une fois la franchise dépassée. Le maximal annuel aurait diminué de 700 à 500 francs.
ats/cab
Réactions du Conseil fédéral et des assureurs
"Nous avons perdu une occasion de freiner l'augmentation des coûts de la santé", a jugé Alain Berset.
"Le résultat de dimanche a quelque chose d'ambigu, puisque tous les opposants ont assuré être favorables aux réseaux de soins", a dit le conseiller fédéral.
Pour lui, le "non" ne sonne pas le glas des soins intégrés. Mais il appartiendra désormais aux praticiens de convaincre les patients des avantages qualitatifs des réseaux.
La question du moratoire sur l'ouverture de nouveaux cabinets médicaux va être au coeur des débats, d'après lui.
De leur côté, les assureurs continueront à développer les modèles de réseaux de soins.
Ces systèmes permettent aux médecins de se coordonner, ce qui offre une continuité des soins et permet d'éviter certains coûts liés à des doublons ou des examens inutiles, estime Anne Durrer, porte-parole de santésuisse, l'association faîtière des assureurs maladie.
Réaction des médecins
Pour Jacques de Haller, du comité contre la loi sur le "managed care" et président de la Fédération des médecins suisses, la population a rejeté le projet par crainte de voir la qualité des soins diminuer.
Les citoyens veulent continuer à pouvoir choisir leur médecin et à "accéder aux soins nécessaires sans barrières".
Pour lui, la diminution des coûts de la santé n'était pas au centre de "managed care". Il s'agit désormais de trouver un mode de financement acceptable pour régler ce "problème central", estime-t-il.