La revalorisation de la médecine de famille devrait passer par une augmentation de la rémunération des praticiens et une formation spécifique. En collaboration avec les cantons et les médecins, le conseiller fédéral Alain Berset a lancé mardi un plan directeur détaillant les interventions possibles.
Une fois n'est pas coutume, les principaux acteurs se sont assis à une table pour concrétiser la réponse à un problème aigu, a souligné le ministre de la santé devant la presse. L'échec de la promotion des réseaux de soins, dimanche en votation, "a prouvé une nouvelle fois combien il est difficile de trouver un consensus dans le secteur de la santé".
Retrait de l'initiative populaire visé
Le plan directeur, dont les travaux se poursuivent jusqu'en mars prochain au moins, vise deux buts. Il s'agit de résoudre rapidement les problèmes avérés touchant à la médecine de premier recours. La Suisse va au devant d'une pénurie: trois quarts des médecins de famille et des pédiatres iront à la retraite d'ici dix ans.
Le second objectif est de parvenir à convaincre les généralistes de retirer leur initiative "Oui à la médecine de famille". En attendant des résultats concrets, le texte sera maintenu, a précisé le président du comité d'initiative Peter Tschudi.
Les milieux associés au plan directeur ont défini divers axes. Pour les médecins, la question de la rémunération est centrale. Il est donc question de mieux indemniser les analyses rapides auxquelles procèdent les généralistes.
ats/olhor
Soutien parlementaire acquis
La commission de la santé publique du Conseil des Etats a elle aussi apporté son soutien à Alain Berset. Elle a adopté une motion demandant des mesures en faveur des médecins généralistes.
La revalorisation de leur profession pourrait impliquer des sacrifices de la part des spécialistes, a précisé la présidente de la commission Christine Egerszegi (PLR/AG) mardi devant la presse. Le Conseil des Etats devrait traiter de cette motion à l'automne.
Le National en discutera en même temps que l'initiative populaire "Oui à la médecine de famille" et le contre-projet récemment corrigé par la Chambre des cantons.
Refonte de Tarmed
Une refonte du TARMED, le système de tarification des soins, devrait permettre la création d'un chapitre séparé pour les généralistes et les pédiatres. Les prestations techniques fournies par les assistants médicaux devraient aussi être prises en compte de manière adéquate.
Cette question risque cependant de susciter des controverses. Alors que les cantons et la Confédération tiennent à une certaine "neutralité des coûts", les praticiens voient les choses d'un autre oeil. La volonté de soutenir la médecine de famille va de pair avec des besoins financiers supplémentaires, a fait valoir le président de la Fédération des médecins suisses Jacques de Haller.
Autre secteur d'intervention, la formation. Les cantons entendent augmenter le nombre de places pour les études en médecine de base, a assuré le Bâlois Carlo Conti, président de la Conférence des directeurs cantonaux de la santé. Le plan directeur prévoit la création de chaires consacrées à la médecine de famille dans les universités.