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Le peuple votera finalement sur "les salaires abusifs"

Le Schaffhousois Thomas Minder est satisfait [Peter Schneider]
Thomas Minder a décidé de ne pas retirer son initiative "contre les rémunérations abusives". - [Peter Schneider]
Le peuple se prononcera finalement sur l'initiative populaire "contre les rémunérations abusives" de Thomas Minder. L'entrepreneur schaffhousois a choisi de maintenir son texte suite au rejet par le Parlement du contre-projet sur l'imposition des bonus.

Le peuple se prononcera sur le texte sur les salaires abusifs de l'entrepreneur et conseiller aux Etats schaffhousois Thomas Minder. Ce dernier a finalement décidé de ne pas retirer son texte "contre les rémunérations abusives" après l'échec du contre-projet devant les Chambres fédérales du 15 juin dernier. (Lire: Les bonus de plus de 3 millions de francs ne seront pas imposés)

Dans une interview accordée au Tages Anzeiger, Thomas Minder se dit convaincu qu'une partie des délégués de l'UDC se prononceront pour le oui, contre l'avis de Christoph Blocher.

Cité dans Le Temps, l'entrepreneur explique que les différences entre son initiative et le contre-projet indirect adopté par le Parlement sont nombreuses. Il affirme également que Christoph Blocher ment lorsqu'il prétend que 80% des propositions de l'initiative sont comprises dans le contre-projet. "En réalité, seules 39% des 24 revendications sont reprises", affirme-t-il.

Quel financement?

Ainsi, l'initiative de Thomas Minder exige un vote contraignant des actionnaires sur les rémunérations des dirigeants alors que le Parlement envisagerait seulement un vote consultatif. Le texte de l'entrepreneur demande l'interdiction absolue des parachutes dorés et des indemnités anticipées, la révision de loi laissant la porte ouverte à des exceptions

Thomas Minder a assuré croire en ses chances,  il lui reste toutefois encore à trouver une source de financement pour la campagne. L'entrepreneur craint les moyens financiers d'Economiesuisse "qui pourraient atteindre 20 millions de francs".

Selon Le Temps, le Conseil fédéral fixera mercredi prochain la date de la votation populaire qui devrait se dérouler le 25 novembre.

agences/mre/rber

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PS et Verts satisfaits

Le PS accueille "avec satisfaction" le maintien de l'initiative, car cela signifie que la population aura enfin l'opportunité de se prononcer sur les salaires excessifs. "Il manquera malheureusement des mesures supplémentaires, comme la taxation des bonus", écrit le parti.

Les Verts sont "très contents" de la décision, car ils sont "sûrs que le peuple souhaite voter sur ce texte", a réagi la secrétaire générale Miriam Behrens. "Pour retirer une initiative, il faut un contre-projet qui reprenne les exigences principales". Les Verts jugent la mouture du Parlement insuffisante, sans l'imposition des bonus, et soutiennent donc pleinement l'initiative.

PLR et PDC contre l'initiative

Pour le PLR, "l'initiative est à combattre". Selon lui, le contre-projet reprend 80% des revendications de l'initiative, et les 20% restants sont dommageables pour le pays.

Il fallait certes renforcer le droit des actionnaires, mais "il faut éviter d'ajouter un corset juridique supplémentaire qui pénaliserait l'ensemble de nos entreprises", à cause d'une minorité qui commet des excès. Economiesuisse partage cette position, estimant que cette initiative "bureaucratique" va trop loin.

Le PDC ne comprend pas pourquoi Thomas Minder ne veut pas retirer son initiative, car il a obtenu beaucoup avec le contre-projet indirect. Le PDC sera en première ligne pour combattre l'initiative. Le texte risque de nuire à la place économique suisse. Il combat certes les hauts salaires, mais mettrait le pays hors-jeu.

PBD et Vert'libéraux pour le contre-projet

Le PBD soutiendra le contre-projet, a dit le conseiller aux Etats bernois Werner Luginbühl. Le mot d'ordre sera adopté en assemblée des délégués, mais Werner Luginbühl ne s'attend pas à ce que la base soutienne soudain l'initiative.

Le président des Les Vert'libéraux Martin Bäumle, dont le parti a offert un pont d'or à l'initiative en rejetant l'imposition des bonus, n'est pas déçu que Thomas Minder maintienne son texte. Même si le contre-projet indirect avait intégré l'imposition des bonus, l'entrepreneur aurait maintenu son initiative, selon Martin Bäumle. Pour lui, le contre-projet va dans la bonne direction.

L'UDC derrière l'initiative et le contre-projet

L'UDC peut vivre avec l'initiative et le contre-projet. Il appartiendra à une assemblée des délégués de trancher, a expliqué le secrétaire général Martin Baltisser. L'initiative est plus proche de la proposition initiale de l'UDC allant dans le sens de Thomas Minder, mais le contre-projet indirect reprend aussi une partie des revendications.

Le parti est surtout satisfait que l'imposition des bonus, inacceptable, ait été finalement écartée par le Parlement.