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Des grenades produites en Suisse seraient en Syrie

Des grenades du type "Offensive OHG92" auraient été retrouvées. [REUTERS - Photomontage]
Des grenades du type "Offensive OHG92" auraient été retrouvées. - [REUTERS - Photomontage]
La Sonntagszeitung le révèle dimanche: des grenades à main produites en Suisse par l'entreprise RUAG seraient en mains rebelles en Syrie. Berne ne se prononce pas pour l'instant.

Des grenades portant les inscriptions "Offensive OHG92" et "SM 6-03-1" produites par la firme en mains publiques spécialisée en armement RUAG ont été vues jeudi dernier en Syrie, près d'Alep, dans un camp retranché de rebelles syriens, selon la Sonntagszeitung.

C'est un journaliste syrien contacté par le journal alémanique, qui a accompagné les rebelles dans la zone de guerre, qui a découvert ces grenades. "Les rebelles m'ont assuré que les obus de ce type ont été utilisés", a-t-il dit.

RUAG confirme

"La grenade à main sur la photo ressemble à un produit de RUAG", a déclaré son porte-parole Jiri Paukert. Le modèle "OHG92" est une grenade offensive, qui a été produite de 1992 à 2005 en Suisse.

Mais RUAG ne s'explique pas la présence de ces grenades en Syrie, car le Secrétariat d'Etat à l'économie interdit la livraison d'armes vers la Syrie. La piste d'une importation clandestine depuis la Turquie est alors avancée. Le SECO est en effet responsable du contrôle des exportations de matériel militaire. La Suisse n'a, depuis 1998, plus exporté d'armes vers la Syrie.

"Si des preuves concrètes montrent que ces grenades à main suisses ont été amenées Syrie, le SECO procédera immédiatement à un examen approfondi", a déclaré la porte-parole du SECO Antje Baertschi.

Situation diplomatique délicate

La Sonntagszeitung note que celui qui a importé ces grenades en Syrie est en violation de la Loi fédérale sur le matériel de guerre et craint "des dégâts diplomatiques pour la Confédération, qui se targue d'une longue tradition humanitaire, souvent distinguée pour sa médiation dans les conflits".

Le département fédéral des affaires étrangères (DFAE) ne veut pas commenter cette information, mais rappelle que "la Suisse a condamné les violations des droits humains en Syrie dans les termes les plus forts", selon son porte-parole Georg Farago.

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Commission saisie

L'affaire sera sans doute abordée par la Commission de politique extérieure du Conseil national, qui se réunit lundi (demain) et mardi. Choqué mais pas surpris, son vice-président, Carlo Sommaruga (PS/GE) a expliqué à la Radio romande que la commission "ne peut pas faire grand-chose si ce n'est poser quelques questions" au ministre des affaires étrangères.

Elle pourrait toutefois solliciter l'intervention de la Commission de gestion, qui a des pouvoirs d'investigation. La Commission de la politique de sécurité du Conseil national ne restera pas inactive, elle qui doit faire une visite de Ruag le mois prochain. Pour sa présidente, Chantal Galladé (PS/ZH), "c'est une catastrophe que des armes suisses soient engagées en Syrie", a-t-elle dit à la SonntagsZeitung. A son avis, les prescriptions légales doivent être renforcées.