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Une alliance bourgeoise se dresse contre l'initiative sur la fumée passive

Le gouvernement québécois chiffre à 56 milliards de francs le coût du tabagisme de 1970 à 2030. [Alessandro Della Bella]
Selon la droite, le projet de la Ligue pulmonaire est inutile et excessif. - [Alessandro Della Bella]
L'initiative "Protection contre le tabagisme passif" conduirait à la fermeture des fumoirs et interdirait de fumer sur les places de travail individuelles, soulignent vendredi les partis bourgeois qui s'opposent au projet de la Ligue pulmonaire.

L'interdiction de fumer prônée par l'initiative en votation le 23 septembre n'aurait d'autre objectif à terme que la prohibition, selon ses opposants. Un comité de droite a lancé vendredi la campagne en faveur du "non". Il juge suffisante la législation en vigueur depuis mai 2010.

Pour les partis bourgeois, l'initiative populaire "Protection contre le tabagisme passif" est un projet inutile, excessif et antifédéraliste. Ils peuvent compter sur le soutien de quelques dissidents de gauche, tel le conseiller national Geri Müller (Verts/AG) venu prôner le respect des minorités et des libertés individuelles.

Interdiction totale?

L'initiative de la Ligue pulmonaire réclame une interdiction générale de fumer dans les espaces fermés accessibles au public moyennant des exceptions qu'elle ne mentionne pas, a relevé le président du PDC Christophe Darbellay. Selon le Valaisan, l'acceptation de ce texte conduirait dans les faits à une interdiction totale des fumoirs dans toute la Suisse et de la fumée sur les lieux de travail.

Or aucun canton, même pas Genève, ne sont allés aussi loin, a-t-il critiqué. Qui donc veut-on protéger contre le tabagisme passif dans un bureau individuel?, a lancé le conseiller national Thomas Aeschi (UDC/ZG). Quant aux fumoirs et aux établissements fumeurs, seules les personnes qui y consentent peuvent actuellement y travailler, a noté Christophe Darbellay.

Nouvelle initiative populaire

La réglementation actuelle est libérale et permet aux gens de choisir ce qu'ils veulent, s'est félicité Geri Müller. Ainsi, dans sa ville de Baden, on trouve des restaurants sans fumée. Mais aussi quatre bars fumeurs. Le patron et les employés sont adeptes de la cigarette. Et même les non-fumeurs y viennent.

Le comité n'a pas manqué de relever au passage qu'une nouvelle initiative populaire, plus restrictive encore, venait d'être lancée. "Ce n'est sans doute qu'une question de temps avant de voir arriver une interdiction de fumer dans les locaux fermés. Mais voulons-nous interdire de fumer sur les rives du lac, dans les parcs ou sur les terrasses ?", a lancé le conseiller national Thomas Maier (PVL/ZH).

ats/vtom

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Mauvais pour l'économie

Pour le comité, l'acceptation de l'initiative aurait de lourdes conséquences pour l'économie.

Un tiers des membres de Gastro Suisse ont subi une baisse de chiffre d'affaires avec l'interdiction de fumer et seul 4% l'ont vu augmenter, a souligné la conseillère aux Etats Karin Keller-Sutter (PLR/SG).

La suppression des fumoirs pénaliserait tous les établissements qui ont investi de fortes sommes pour les mettre sur pied.

Une interdiction absolue de fumer contraindrait en outre les clients à aller tirer sur leur cigarette à l'extérieur.

Ce qui ne ferait qu'augmenter le tapage nocturne.

Interdiction fédérale de fumer dans les lieux publics

Depuis deux ans, une loi fédérale interdit de fumer à l'intérieur des lieux publics et au travail mais prévoit des exceptions, comme des fumoirs avec service ou des établissements fumeurs de moins de 80 mètres carrés.

Les cantons peuvent adopter des réglementations plus sévères. Beaucoup l'ont fait à l'instar de Genève, Neuchâtel, Fribourg, Vaud et du Valais.