Les entreprises bernoises raflent dix-sept fois plus de mandats de la Confédération qu'une entreprise genevoise, selon "Le Matin Dimanche". La Suisse romande contribue pour 23,5% à l'économie nationale, mais elle n'emporte un marché public de la Confédération que dans 11% des cas, selon les chiffres de l'hebdomadaire.
"Le Matin Dimanche" a analysé la base de données SIMAP, le Système d'information sur les marchés publics en Suisse (simap.ch), où l'administration doit publier les mandats distribués par la Confédération depuis 2009. Achat de papier toilettes, expertise externe sur les batraciens en bord d'autoroute ou achat de matériel informatique, tout mandat doit y être listé dès qu'il atteint 230'000 francs, souligne le journal.
Les entreprises bernoises en tête
En avril 2012, on y dénombrait 1540 adjudications de fournitures ou de services soumises à l'obligation de mener une procédure d'appel d'offres public. "Les entreprises romandes n'avaient remporté la mise que 164 fois, c'est-à-dire dans 11% des cas. C'est deux fois moins que le poids de la Suisse romande, qui contribue à raison de 23,5% à l'économie nationale".
Selon le journal dominical, il ressort de la base de données SIMAP que les entreprises bernoises, avec 430 mandats empochés ces trois dernières années, ont obtenu une fois et demie plus (+150 mandats que la part qui leur revient en fonction du PIB cantonal). Le total de ces commandes dépassait 630 millions de francs.
Barrière linguistique
Le canton de Fribourg est le seul canton romand à obtenir la part de mandats qui lui revient. Neuchâtel, Valais, Vaud, Jura et surtout Genève sont tous très en dessous de la moyenne nationale.
Pour l'expert en adjudications Martin Beyeler, cité par "Le Matin Dimanche", la barrière linguistique est le plus gros problème. Pour Christoph Jäger, juriste spécialisé dans le droit des marchés publics, l'avantage géographique du canton de Berne n'explique pas tout. "Si une entreprise bernoise soumet la meilleure offre, il n'y a pas de souci. Mais si elle décroche un mandat grâce à une proximité personnelle, cela devient hautement problématique."
sipa/rber
Le secteur informatique sous la loupe
C'est dans le secteur informatique que les questions les plus troublantes se posent, indique "Le Matin Dimanche". "Là, la moitié de tous les mandats ont été donnés à des entreprises bernoises. Et la moitié de cette moitié a été décrochée par dix sociétés, pour un volume d'affaires d'au moins 180 millions de francs sur trois ans.
Or, selon les médias, quatre de ces dix sociétés se sont vu reprocher du copinage ou des pratiques de corruption ces derniers mois". On peut rappeler à ce propos l'enquête ouverte en janvier dernier sur l'affaire des irrégularités dans les procédures d'achats au sein de l'Administration fédérale des contributions (AFC), qui a conduit à la démission de son directeur Urs Ursprung et à la suspension du chef du service informatique en juin dernier.