Publié

Les langues étrangères créent le malaise à l'école primaire

Selon un sondage, seuls 32% des enseignants pensent que les conditions sont réunies pour répondre aux exigences actuelles de l'enseignement des langues étrangères. [Keystone - Sandro Campardo]
Le syndicat demande des Etats généraux au sujet de l'enseignement des langues. - [Keystone - Sandro Campardo]
L'introduction de l'anglais à l'école primaire en 2013, après l'allemand cette année, crée des remous en Suisse romande. Les enseignants demandent une baisse des attentes et des moyens supplémentaires.

Dès cette rentrée, l'allemand sera introduit en 3e primaire dans tous les cantons romands. L'anglais suivra en 2013. Les enseignants s'en alarment: des moyens supplémentaires doivent être alloués ou les attentes revues à la baisse, sous peine d'"échec programmé".

Le concept des langues tel que le conçoit le Plan d'études romand (PER) suscite un "gros malaise" dans le corps enseignant, a expliqué mardi Georges Pasquier, président du Syndicat des enseignants romands (SER), lors d'une conférence de presse à Lausanne. "On va dans le mur", a-t-il averti. "Le seul moyen efficace pour apprendre une langue, c'est l'immersion. Prétendre qu'on va apprendre l'anglais et l'allemand aux élèves de la scolarité obligatoire relève du mensonge", poursuit le président du SER.

Manque de moyens

"Les ambitions du PER sont bonnes et nous les partageons", souligne Geroges Pasquier. Mais elles ne sont simplement pas réalistes dans les conditions actuelles. "Pour y arriver, il faudrait des enseignants bilingues, des petits effectifs et au moins une période de chaque langue par jour", détaille Georges Pasquier. La grille scolaire s'en trouverait complètement déséquilibrée. "On peut développer les compétences de communication des élèves dans les langues étrangères dès le plus jeune âge. Mais il est vain de croire qu'on peut sortir de l'école obligatoire en maîtrisant une langue par la seule magie des cours", développe Georges Pasquier.

Problème: encourager l'expression et la communication est incompatible avec la sanction des fautes. L'enseignement se concentre donc sur l'acquisition de vocabulaire et de règles de grammaire, plus faciles à évaluer. Dans l'idéal, les langues ne devraient pas être utilisées à des fins de sélection scolaire, estime le SER.

ats/rber

Publié

Alternatives proposées

L'enseignement des langues est une question "hypercomplexe", concède Georges Pasquier, président du Syndicat des enseignants romands (SER).

Le SER se dit toutefois "convaincu qu'on pourrait faire mieux", car "le niveau atteint au terme du parcours scolaire n'est pas à la hauteur des efforts consentis". Le syndicat appelle la Conférence romande de l'instruction publique (CIIP) à organiser des Etats généraux.

Tout doit être remis sur la table pour rendre le concept d'enseignement des langues "réaliste et efficace", quitte à "sortir du politiquement correct".

Parmi les pistes évoquées par le SER figurent la généralisation des échanges linguistiques avant la fin de la scolarité obligatoire ou la sensibilisation dès l'école enfantine. Mais attention: "l'apprentissage des langues ne doit pas se faire à n'importe quel prix", souligne le SER. Il n'est pas question de sacrifier le français, la culture générale ou les branches artistiques.