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La Suisse traite certaines demandes d'asile en deux jours

Le centre d'enregistrement pour les requérants d'asile de Chiasso est débordé. [Keystone]
Le centre d'enregistrement pour requérants d'asile de Chiasso. - [Keystone]
Les demandes d'asile de personnes en provenance d'Etats européens considérés comme sûrs sont désormais traitées en l'espace de 48 heures. L'Office fédéral des migrations est d'habitude critiqué pour sa lenteur.

L'Office fédéral des migrations (ODM) traite actuellement les demandes d'asile de ressortissants de pays européens jugés sûrs en deux jours, a-t-il annoncé mardi. L'ODM répond ainsi à la forte hausse des requêtes en provenance des pays des Balkans.

Cette mesure concerne la Macédoine, la Serbie et la Bosnie-Herzégovine. Presque toutes les demandes émanant de ces pays "sont infondées et engendrent des problèmes de capacités dans les centres suisses d'accueil", explique l'ODM dans un communiqué.

Peu de chances d'obtenir l'asile

En juillet, le nombre de demandes de ressortissants de Macédoine a bondi de 83% par rapport à juin. La hausse est de 68% pour les Serbes. Il s'agit dans la majorité des cas de Roms, selon les statistiques de l'asile.

Le Conseil fédéral considère ces Etats comme sûrs, ce qui signifie qu'une protection étatique contre les persécutions y est en principe garantie. Ces pays sont exemptés d'obligation de visa depuis 2009 et 2010. Leurs ressortissants ont de fait très peu de chances d'obtenir l'asile en Suisse.

Au total, 4593 demandes ont été déposées par des ressortissants de Bosnie-Herzégovine, de Macédoine et de Serbie entre janvier et juillet de cette année. Seules 20, soit 0,5%, ont abouti à une reconnaissance en tant que réfugiés.

Procédure équitable

Malgré le traitement accéléré, Berne assure que les procédures restent équitables. Elles sont prises en charge par des spécialistes fédéraux de l'asile en collaboration avec des représentants d'oeuvres d'entraide et des interprètes, tous mobilisés au Centre d'enregistrement et de procédure de Bâle (CEP) de Bâle.

Par ailleurs, la procédure de 48 heures ne s'applique que si aucune clarification supplémentaire n'est requise et les recours au Tribunal administratif fédéral restent possibles.

Avec cette procédure, la Suisse veut montrer qu'elle est ouverte aux persécutés qui remplissent les conditions d'asile définies par la loi mais pas à ceux qui viennent pour d'autres raisons, a déclaré Mario Gattiker, directeur de l'ODM.

ats/dk

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Un changement plutôt bien accueilli

Walter Leimgruber, président de la Commission fédérale pour les questions de migration, salue une décision "juste". Cette décision aura un effet dissuasif, estime-t-il. Elle donne un signal clair: les personnes ne peuvent pas rester longtemps dans un système qui n'est pas approprié pour elles.

L'Organisation suisse d'aide au réfugiés (OSAR) demande que ces mesures soient appliquées avec proportion. Les entretiens préliminaires devraient par ailleurs se dérouler en présence d'une partie neutre afin de s'assurer que le requérant n'est pas mis sous pression.

Amnesty International rappelle de son côté que des minorités subissent des persécutions dans les Balkans. Les Roms sont ainsi souvent visés par des agressions. Il est donc nécessaire d'évaluer sérieusement la situation sur place.

L'UDC, qui a fait de l'asile un de ses principaux chevaux de bataille, appelle la Confédération à élargir la mesure aux autres requêtes sans chance d'aboutir. Elle souligne également que tant que les recours seront possibles, les procédures pourront s'étendre sur plusieurs mois.