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L'ex-président tunisien Ben Ali n'a pas d'argent à son nom en Suisse

L'ancien dictateur tunisien Ben Ali n'aurait pas d'argent à son nom sur le territoire suisse
L'ancien dictateur tunisien Ben Ali n'aurait pas d'argent à son nom sur le territoire suisse / 19h30 / 2 min. / le 11 septembre 2012
L'ex-président tunisien Ben Ali ne possède aucun compte à son nom en Suisse, affirme le Département fédéral des affaires étrangères. L'enquête sur les 60 millions gelés en Suisse mène aux proches du clan, mais le nom du raïs déchu n'apparaît pas.

Une enquête du 19:30 révèle que sur les 60 millions de francs tunisiens gelés en Suisse, pas un centime n'appartient en propre à l'ex-président Ben Ali. C'est la division du droit international public du Département fédéral des affaires étrangères (DFAE) qui l'affirme dans la foulée de la visite en Suisse de Akram Azoury l'avocat de l'ex-dictateur tunisien, avec qui la RTS a pu s'entretenir.

"Fortune en Tunisie uniquement"

En 2008, le magazine Fortune avait estimé la fortune de Zine El Abidine Ben Ali à 5 milliards de dollars. Mais selon son avocat, l'ex-président tunisien ne posséderait pas un centime en Suisse: "Le président Ben Ali nie de la façon la plus solennelle, officielle et énergique, posséder des avoirs mobiliers, financiers ou immobiliers en dehors de la Tunisie et notamment en Suisse. Il ne possède rien ni directement, ni indirectement, ni par personnes interposées en Suisse et partout dans le monde. Sa fortune se résume à ce qu'il possède en Tunisie: une maison, un ou deux terrains et un compte bancaire d'un montant raisonnable", assure Me Azoury.

Zine el-Abidine Ben Ali et son épouse Leïla le 7 novembre 2007 lors des commémorations de ses 20 ans de présidence. [Keystone]
Zine el-Abidine Ben Ali et son épouse Leïla le 7 novembre 2007 lors des commémorations de ses 20 ans de présidence. [Keystone]

Contre toute attente, les autorités suisses viennent de confirmer partiellement les déclarations de l'avocat libanais. Suite à une requête de la télévision suisse, Rita Adam, vice-directrice de la direction du droit international public (DDIP) du DFAE a fait savoir par mail que: "vu l'évolution du dossier, le DFAE est maintenant en mesure de communiquer que, à ce jour, le montant de 60 millions (la somme gelée en Suisse) ne comprend pas d'avoirs de Zine El-Abidine Ben Ali lui-même."

Pas encore de trace

En dix-huit mois d’enquête sur la fortune du clan Ben Ali, les enquêteurs helvétiques ont saisi l'équivalent de près de cent classeurs fédéraux de documents. "Aucune piste ne nous a encore permis de remonter jusqu'à l’ex-président Ben Ali, explique une source proche du dossier. Les banques suisses sont tenues de connaître les ayants droits économiques des comptes ouverts chez elles et à ce jour nous n'avons encore rien trouvé appartenant en propre à Zine El-Abidine Ben Ali.

Cela ne signifie pas qu'il n’y a rien mais que s'il y a quelque chose, ces avoirs sont très bien cachés." Les autorités tunisiennes estiment, elles, que la fortune du clan Ben Ali en Suisse est de loin supérieur aux 60 millions bloqués.

Akram Azoury, l'avocat de l'ex-dictateur tunisien Ben Ali, était récemment de passage en Suisse pour plaider la cause de son client et réitérer la proposition spectaculaire qu'il a faite en son nom cet été: "M. Ben Ali serait prêt à faire transférer immédiatement en Tunisie tous les avoirs qu'il posséderait en Suisse". Lire: Ben Ali prêt à renoncer à ses "prétendus" avoirs déposés en Suisse

Anne-Frédérique Widmann, rubrique enquête

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L'argent du clan Ben Ali

Comme l’ont révélé plusieurs enquêtes diffusée au 19:30, sur les 60 millions de francs bloqués en Suisse, près de deux tiers se trouvent à la banque HSBC Genève.

Les fonds gelés en Suisse mènent aux proches du clan, notamment à Belhassen Trabelsi, le frère de Leila, l’épouse de l’ex-président Ben Ali.

Les enquêtes mènent également à Sakher el-Materi, le gendre de l'ex-président.

Questionné sur ses avoirs, l'avocat de l’ex- dictateur fait une pirouette : "je représente uniquement le Président Ben Ali. Je ne représente ni son épouse, ni ses proches et ne peut donc, en droit, renoncer à leurs avoirs."

En Tunisie comme en Suisse, les enquête se poursuivent. Depuis janvier 2011, des procédures pénales ont été ouvertes au Ministère public de la Confédération, procédures qui, écrit Rita Adam du DFAE, "visent plusieurs anciens dirigeants tunisiens et leur entourage.

La Suisse collabore étroitement avec la Tunisie et le DFAE tient à rappeler "qu’aucun autre pays n’est aussi avancé en ce qui concerne la restitution à la Tunisie d’avoirs d’origine illicite."

La réaction de l'avocat des autorités tunisiennes

Contacté Enrico Monfrini, l'avocat des autorités tunisiennes, a réagi en disant que cette information ne changeait pas fondamentalement les choses.

"Jamais une banque suisse ne va ouvrir compte en banque au nom de Ben Ali en Suisse, en France ou même au Kamschatka! Mais cela ne signifie pas que Ben Ali ne possède pas d'argent en Suisse porté par d'autres personnes. Le clan Ben Ali s'apparente à une organisation criminelle et, contrairement à ce que laisse entendre les propos grotesques de mon confrère, la fortune amassée par le clan Ben Ali en dehors de Tunisie est considérable".