L'ancien conseiller fédéral Otto Stich est décédé, a annoncé jeudi le président du Conseil national Hansjörg Walter. Le socialistes est mort dans la nuit de mercredi à jeudi à l'âge de 85 ans dans sa commune de Dornach (SO), au home Wollmatt, après une brève maladie.
Elu en 1983 à la succession de Willi Ritschard, Otto Stich avait devancé la candidate officielle du parti socialiste, Lilian Uchtenhagen. Les relations avec son parti avaient été difficiles dans un premier temps, les socialistes hésitant à quitter le gouvernement. Réunis en congrès en février 1984, le PS avait toutefois décidé de rester au Conseil fédéral et de reconnaître la légitimité d'Otto Stich.
Le Soleurois a dirigé le Département des finances durant toute sa carrière au Conseil fédéral. Il a été président de la Confédération en 1988 et 1994 et a notamment rencontré le président américain Bill Clinton et le président polonais Lech Walesa.
Un homme à la "tête dure"
Défendant ses choix avec opiniâtreté, il s'est souvent entendu reprocher d'avoir la "tête dure". Mais ses compétences financières ont été reconnues même par ses adversaires politiques. Sans atteindre la popularité de son prédécesseur, Otto Stich a acquis la sympathie de l'opinion publique, alémanique surtout, par sa franchise, sa force de conviction et son bon sens teinté d'humour. En Suisse romande, son message passait moins bien, car le Soleurois ne s'exprimait pas en français.
Comme grand argentier de la Confédération, Otto Stich a vécu la montée des problèmes financiers, qu'il avait vu venir très tôt. Après cinq ans d'excédents de recettes, les déficits se sont succédés dès 1990, avec un pic de 7,8 milliards de francs en 1993. Pour assainir les finances fédérales, Otto Stich a misé sur une combinaison d'économies et de recettes supplémentaires. Mais cette politique a été contrecarrée par les partis bourgeois, adeptes d'une réduction massive des dépenses.
Poussé à la démission
Le manque de soutien parlementaire a finalement poussé Otto Stich à la démission. En octobre 1994, sa confrontation avec une commission parlementaire à propos du budget avait conduit Otto Stich à l'hôpital à la suite d'un collapse cardio-vasculaire. Il avait alors reçu un stimulateur cardiaque.
Il a été remplacé le 31 octobre 1995 par Kaspar Villiger.
vkiss, avec les agences
Succès et critiques
La carrière ministérielle d'Otto Stich restera aussi marquée par d'importants succès en votations populaires: l'adhésion au Fonds monétaire international et à la Banque mondiale en 1992, la hausse des droits sur les carburants et l'instauration de la TVA en 1993.
Otto Stich a essuyé les plus graves critiques de sa carrière un an après son départ à la retraite. Une commission d'enquête parlementaire l'a désigné comme principal responsable de la débâcle de la Caisse fédérale de pension: il aurait sous-estimé ses problèmes et multiplié les fausses promesses au Parlement.
Docteur ès sciences politiques
Originaire de Kleinlützel (SO), Otto Stich est né le 10 janvier 1927 à Dornach (SO), où il a fréquenté l'école primaire et secondaire. Ayant obtenu à Bâle une maturité commerciale, il a étudié à l'université de cette ville pour devenir en 1954 docteur ès sciences politiques. Après avoir enseigné, il est devenu en 1971 chef du personnel du groupe Coop suisse, qui occupait quelque 32 000 collaborateurs. En 1980, il était nommé directeur suppléant de Coop suisse. Otto Stich était marié et père de deux enfants.
Au début de sa carrière politique, Otto Stich a assumé des fonctions dans sa commune. Membre du PS depuis 1947, il a siégé de 1970 à 1975 au comité directeur. Entré au Conseil national en 1963, il y est resté vingt ans. Comme parlementaire déjà, il s'était profilé comme un spécialiste des questions financières.
Hommage du conseil fédéral
Le Conseil fédéral fait part de sa douleur à l'annonce du décès de l'ancien conseiller fédéral socialiste Otto Stich. Ce dernier restera dans les mémoires comme une "personnalité marquante et attachante", commémore le gouvernement jeudi. Le Soleurois a baigné dans la politique dès son plus jeune âge. Il avait été particulièrement marqué par l'essor du fascisme et la Deuxième guerre mondiale.
Elu au Conseil fédéral à la tête des finances, Otto Stich a su rallier très rapidement "tant ses amis que les esprits critiques à son style de conduite", relève le Conseil fédéral. Et de saluer tant sa ténacité à défendre ses idées que sa simplicité, "toujours reconnue et appréciée".
Le parti socialiste pleure son ancien représentant
Otto Stich était un des conseillers fédéraux "les plus crédibles de l'histoire et aussi l'un des plus proches du peuple", a déclaré le président du Parti socialiste (PS) Christian Levrat.
Il était "le ministre des finances le plus prudent que j'ai vu", a ajouté Christian Levrat, cité dans un communiqué du PS.