La nouvelle politique agricole a été acceptée mercredi par le Conseil national par 126 voix contre 29 et 20 abstentions. Pierre angulaire de la réforme, le système des paiements directs sera ciblé en fonction des différents objectifs assignés aux paysans.
Vu les incertitudes économiques, les moyens dévolus aux paysans, quelque 3,4 milliards par année, ont été gonflés. Les paiements directs se taillent la part du lion avec plus de 2,8 milliards, contre quelque 445 millions destinés à la promotion des ventes et près de 200 millions pour les mesures sociales.
Un compromis
La Chambre du peuple a mis un terme aux contribution par tête de bétail. Les représentants de l'économie bovine et laitière ont fustigé la suppression de ces paiements. La majorité a estimé que la Confédération devait cesser de soutenir un système qui a abouti à la surproduction laitière et à l'intensification de l'élevage.
De nombreux compromis ont été faits en direction du monde agricole, a assuré Johann Schneider-Ammann. La majeure partie des paiements directs seront attribués au titre de la "sécurité de l'approvisionnement alimentaire", selon le conseiller fédéral.
Prestations écologiques
Versées en fonction de la surface, ces contributions totaliseront environ 1,1 milliard par an. Des paiements de transition, de l'ordre de 480 millions, compenseront la différence avec le système actuel. Des aides à la reconversion sont prévues.
L'éventail des aides prévoit également des contributions pour améliorer la biodiversité et la qualité du paysage, ainsi que des encouragements à la production respectueuse de l'environnement et des animaux. Toutes les tentatives du camp rose-vert de renforcer ces moyens ont échoué.
Production en hausse
La politique agricole 2014-2017 va renforcer l'innovation et la compétitivité, a martelé Johann Schneider-Ammann. La production devrait augmenter de 3 à 5%, malgré l'amélioration exigée des prestations écologiques.
La Chambre du peuple a profité aussi de l'occasion pour prolonger le moratoire sur l'utilisation d'organismes génétiquement modifiés dans l'agriculture jusqu'à fin 2017. La décision est tombée par 112 voix contre 62. (Lire: Le Conseil national veut prolonger le moratoire sur les OGM)
ats/dk
Vers une ouverture du marché laitier?
La Suisse doit peser le pour et le contre d'une ouverture sectorielle du marché laitier avec l'Union européenne. Le Conseil national a adopté mercredi une motion exigeant du Conseil fédéral qu'il élabore un rapport analysant la question. Il a refusé d'en faire de même pour la viande.
L'examen devrait porter sur une ouverture réciproque avec l'UE pour l'ensemble des produits laitiers. Il s'agirait aussi de décrire les mesures d'accompagnement nécessaires pour les producteurs suisses.
Soutenue par le Conseil fédéral, cette motion de la commission de l'économie du National a passé la rampe par 101 voix contre 71. Les milieux paysans ont freiné des quatre fers. En cas de libéralisation, les producteurs de lait suisses risquent de perdre quelque 600 millions de francs par an, a averti Andreas Aebi (UDC/BE).
Dans la foulée, la Chambre du peuple a réitéré son intention de suspendre immédiatement les négociations avec l'UE en vue d'un accord de libre-échange agricole. Elle a donné suite, par 88 voix contre 77, à une initiative cantonale vaudoise en ce sens. Les Chambres fédérales ont déjà transmis une motion similaire au gouvernement.