"On ne joue pas avec la nourriture" de millions de personnes: sous ce slogan, la Jeunesse socialiste est bien résolue à empêcher les entreprises suisses de participer à la spéculation mondiale sur les matières premières agricoles et les denrées alimentaires. Elle a lancé lundi son initiative populaire.
Le texte des jeunes socialistes demande à la Confédération de légiférer pour lutter contre la spéculation sur les matières premières agricoles et les denrées alimentaires. Selon les initiants, la spéculation n'est pas la seule raison de la flambée des prix de certaines denrées, comme le blé ou le maïs, mais elle accélère le processus.
La Confédération appelée à s'engager
La Jeunesse socialiste suisse propose diverses solutions, comme interdire aux banques, négociants, assurances privées, fonds de placement et autres investisseurs de spéculer sur les matières premières agricoles. Elle propose également de prévoir des sanctions contre les entreprises fautives. Elle souhaite encore que la Confédération soit chargée de s'engager au niveau international contre la spéculation.
Les initiants ont jusqu'au 25 mars 2014 pour réunir les 100'000 paraphes nécessaires. Ils peuvent compter sur le soutien d'oeuvres d'entraide comme Swissaid, ou Solidar, qui soulignent le rôle central joué par la Suisse dans ce commerce - de nombreux négociants en matières premières y ont installé notamment leur siège social. Les oeuvres d'entraide vont du reste s'investir elles aussi dans la récolte de signatures.
Chrystel Domenjoz/oang
L'exemple des banques allemandes
Les instituts de crédit allemands renoncent les uns après les autres à certaines activités jugées spéculatives sur les marchés agricoles, relevait l'AFP en août dernier. Cette démarche se veut une réponse aux critiques grandissantes dans l'opinion publique allemande, qui risquent d'affecter leur image.
Ainsi, la deuxième banque allemande Commerzbank, les banques régionales LBBW et LBB ou encore la banque d'investissement des caisses d'épargne DekaBank ont annoncé ces derniers mois qu'elles cessaient d'investir dans des fonds agricoles ou à en proposer elles-mêmes à leurs clients.
De son côté, Deutsche Bank - première banque allemande - avait annoncé en mars qu'elle n'allait pas lancer cette année de nouveaux produits boursiers sur les produits agricoles de base, tout en maintenant son offre existante en la matière, gérée par son fonds DWS.