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Explications demandées après la fuite sur le stockage des déchets nucléaires

Un groupe de visiteurs dans un laboratoire de stockage des déchets nucléaires de la Nagra au Grimsel (BE). [Gaetan Bally]
Un groupe de visiteurs dans un laboratoire de stockage des déchets nucléaires de la Nagra au Grimsel (BE). - [Gaetan Bally]
La polémique sur le choix des futurs sites de stockage des déchets nucléaires en Suisse se poursuit. La direction de la société chargée du stockage des déchets radioactifs (Nagra) est sommée d'expliquer pourquoi elle aurait déjà choisi 2 sites alors que la procédure est en cours.

Après la publication d'un papier interne sur les futurs dépôts de déchets nucléaires, une rencontre entre la direction de la Nagra et l'Office fédéral de l'énergie (OFEN) doit avoir lieu cette semaine encore. L'OFEN a convoqué le trio de dirigeants pour un entretien visant à éclaircir la situation. L'office n'exclut pas des conséquences sur le plan personnel. Le document révélé ce week-end mentionne deux sites pour stocker les déchets radioactifs, alors qu'officiellement six sont à l'étude.

L'affaire entraînera vraisemblablement des mesures, a dit Marianne Zünd, porte-parole de l'OFEN. Mais auparavant, l'office veut donner aux responsables de la Société coopérative nationale pour le stockage des déchets radioactifs (Nagra) l'occasion de s'expliquer. L'entretien doit se dérouler cette semaine, mais aucune date n'a pour l'instant été fixée.

Compétences outrepassées

L'OFEN ne reproche pas seulement à la Nagra d'avoir utilisé des noms concrets d'emplacement au lieu d'indicateurs neutres. Selon lui, le fait que la Nagra décide pour quels scénarios elle va établir des prévisions financières ne correspond pas non plus à la procédure prévue, a précisé Marianne Zünd. Le processus doit en effet rester ouvert aux différents résultats possibles.

La décision de restreindre le nombre de régions à moins de six relève exclusivement de la compétence du Conseil fédéral, relève la porte-parole. Le nord-est de Zurich (Weinland) et le Bözberg (AG) ont été évoqués dans la presse dimanche.

Question de confiance

Quant à savoir si la confiance est encore intacte pour que la Nagra s'occupe de la recherche de sites, l'OFEN s'est abstenu de répondre. L'affaire doit d'abord être éclaircie de manière aussi rapide et complète que possible. Jusqu'ici, le rapport de confiance entre l'OFEN et la Nagra a été bon, relève Marianne Zünd.

S'agissant du document interne controversé, la Nagra a précisé qu'il s'agit "d'un scénario parmi de nombreux autres", qui permet de calculer les ressources en personnel et financières nécessaires.

ats/cab

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Appels à la démission

"Je considère qu'il faut changer l'équipe dirigeante de la Nagra", a réagi lundi le professeur de géologie Walter Wildi sur les ondes de la radio alémanique DRS.

Critique vis-à-vis de l'énergie nucléaire, il avait démissionné en août du comité consultatif "Gestion des déchets", en reprochant à la Société coopérative nationale pour le stockage des déchets radioactifs (Nagra) une "culture de la sécurité irresponsable".

Le géologue et expert en énergie nucléaire Marcos Buser va encore plus loin. Il faut suspendre la procédure afin que les circonstances puissent être éclaircies, dit-il dans le Tages-Anzeiger et le "Bund". Et d'ajouter qu'il faudra aussi des têtes "nouvelles, dignes de confiance".

Marco Buser avait démissionné en juin de la Commission de sécurité nucléaire (CSN) en dénonçant, des connivences entre l'Inspection fédérale pour la sûreté nucléaire (IFSN) et la Nagra, sous le couvert de l'Office fédéral de l'énergie (OFEN).

Techniquement, Marco Buser est toutefois d'accord avec la Nagra, mais la procédure a été manipulée, critique l'expert.

Des demandes de démissions émanent aussi de plusieurs politiciens. Il faut en discuter, a dit Hans Grunder (PBD/BE), membre de la commission de l'énergie du Conseil national, à la radio DRS.

Opposant au nucléaire, le conseiller national Beat Jans (PS/BS) relève pour sa part que "si cette histoire s'avère exacte, je soutiendrai les demandes de démissions".

Six régions officiellement en lice

La Nagra doit présenter au gouvernement d'ici 2014 des propositions pour au moins deux sites pour chacune des deux catégories de déchets nucléaires.

Six régions, dont la géologie était adaptée à l'entreposage de déchets radioactifs, sont à l'étude.

Il s'agit du pied sud du Jura (SO,AG), du Weinland zurichois (ZH,TG), du nord des Lägeren (ZH,AG), du Bözberg (AG), des Südranden (SH) et du Wellenberg (NW).