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La Suisse a bloqué près d'un milliard de francs de dirigeants arabes

Les Français seraient de plus en plus tentés par l'exil fiscal. [Martin Ruetschi]
Les procédures judiciaires pour restituer les fonds gelés par la Suisse sont longues et techniques. - [Martin Ruetschi]
La Suisse a gelé au total près d'un milliard de francs d'avoirs illicites de dirigeants de quatre pays arabes, a indiqué mardi le Département fédéral des Affaires étrangères (DFAE). La restitution de ces avoirs est une priorité pour la Suisse.

Le Département fédéral des Affaires étrangères (DFAE) a indiqué mardi que les fonds bloqués par la Suisse approche le milliard de francs d'avoirs illicites des dirigeants de Tunisie, d'Egypte, de Libye et de Syrie. Des progrès sont réalisés vers la restitution de ces avoirs, une priorité de la Suisse.

"De nombreux contacts sont en cours et de bons progrès ont été accomplis jusqu'ici avec la Tunisie et l'Egypte", a déclaré au Club suisse de la presse à Genève l'ambassadeur Valentin Zellweger, chef de la direction du droit international public au DFAE.

700 millions liés au clan d'Hosni Moubarak

L'ambassadeur a précisé que les fonds bloqués approchent du milliard: 60 millions liés à l'ex-dictateur Ben Ali, 700 millions du clan de l'ex-président égyptien Hosni Moubarak, 100 millions pour la Libye et 100 millions pour la Syrie, dans ces deux derniers pays à la suite des sanctions décrétées par l'ONU.

Pour la Tunisie, les comptes de 48 personnes ont été bloqués et pour l'Egypte, les comptes de 32 personnes, a affirmé Valentin Zellweger.

"L'argent volé n'a pas de place en Suisse"

La Suisse a la volonté politique de restituer rapidement ces fonds gelés à la suite du "printemps arabe", mais les dossiers sont complexes sur le plan juridique, a-t-il confié.

"Ce qui importe est la réputation de la Suisse et de faire savoir que l'argent volé n'a pas de place en Suisse", a déclaré  l'ambassadeur.

L'argent bloqué sur les comptes des ex-dicateurs est géré de manière prudente par les banques, a encore indiqué Valentin Zellweger.

ats/aduc

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Le cas de la Tunisie et de l'Egypte

La Confédération a mis à disposition des experts pour aider la Tunisie et l'Egypte. Des éléments de preuves ont été fournis à Tunis et vice-versa depuis le début de l'année.

Le représentant du DFAE Valentin Zellweger a mis en garde contre des réactions d'impatience. Les procédures judiciaires sont longues et techniques. Sur chaque compte, il faut examiner entre 250 et 2000 transactions différentes, soit des dizaines de milliers de transactions, a-t-il expliqué.

La restitution effective des fonds dépendra de la coopération entre la Suisse et les pays concernés, des recours déposés par les avocats, de la volonté politique des pays d'origine des avoirs bloqués.

Le cas de la Libye

La Libye suivra le même processus que l'Eygpte et la Tunisie, une fois que les sanctions auront été levées par le Conseil de sécurité de l'ONU.

Le responsable du DFAE Valentin Zellweger a rappelé que la Suisse avait bloqué initialement 650 millions d'avoirs du clan Kadhafi. Ce montant a été réduit à cent millions, à la suite de la décision de l'ONU d'enlever de la liste les entreprises étatiques libyennes.

L'ambassadeur s'est déclaré confiant que tout l'argent déposé en Suisse par les dictateurs a été retrouvé. "L'on s'est demandé pourquoi la Suisse n'a trouvé que 60 millions du clan Ben Ali. Deux explications sont possibles: le clan Ben Ali n'aimait pas la Suisse et plaçait son argent ailleurs; ou les banques suisses ont joué leur rôle en refusant l'argent de Ben Ali", a-t-il dit.