Une liste contenant les noms de plus de 2000 Grecs détenant - ou ayant détenu - un compte chez HSBC Genève a été dévoilée samedi par le magazine d'investigation grec "Hot Doc".
Ce document, dit "Liste Lagarde", a été transmis par les autorités françaises aux autorités grecques en 2010 à l'époque où Christine Lagarde était encore ministre des Finances dans le gouvernement de François Fillon, en France.
Début octobre, l'ancien ministre grec des Finances George Papaconstantinou avait confirmé que cette liste, qui fait partie de documents volés par Hervé Falciani, alors employé de HSBC à Genève, avait en effet été acquise en 2010 auprès de l'actuelle directrice du Fonds monétaire international.
Noms et activités dévoilés
Selon le New York Times, parmi les noms divulgués apparaissent ceux de personnalités grecques, d'hommes d'affaires et d'employés du ministère des finances. Les montants détenus sur les comptes n'ont cependant pas été dévoilés, seuls les noms et les activités des détenteurs ont été publiés.
"Hot Doc" a indiqué avoir reçu cette liste anonymement sur une clé USB "par une personne estimant que la liste avait été "mal utilisée" pendant deux ans pour des raisons politiques et économiques".
Les autorités grecques n'ont pas dit si cette liste publiée était authentique ou non. "Hot Doc" assure quant à lui qu'elle correspondrait aux données volées au sein de la banque genevoise. Pour se protéger, le magazine a préféré préciser que le fait de détenir un compte à l'étranger n'était pas illégal et que cela ne constituait pas une preuve d'évasion fiscale.
mre avec les agences
Journaliste arrêté
Le rédacteur en chef de "Hot Doc" a été brièvement arrêté dimanche pour violation des lois sur la publication de données privées sans autorisation spéciale. Il doit comparaître devant le procureur d'Athènes.
Dans une vidéo envoyée par le magazine à Reuters, le rédacteur en chef défend sa décision. "Je n'ai rien fait d'autres que mon travail de journaliste", explique-t-il. Si quelqu'un doit s'expliquer devant la justice, ce sont les ministres qui ont tenté de dissimuler cette liste".
"Décision hypocrite"
Le syndicat de journalistes grecs ESHEA a décrit dans un communiqué la décision du procureur comme "hypocrite".
Peu de temps après l'annonce de l'arrestation, un groupe de soutien au journaliste a été créé sur Facebook, plus de 40'000 personnes y participaient dimanche en début d'après-midi.
Tergiversations d'Athènes
Le 1er octobre, la Grèce a déclaré vouloir travailler sur l'identification de ses exilés fiscaux en Suisse, affirmant vouloir utiliser un CD contenant des listes de ressortissants qui détiennent des comptes non déclarés, alors que dans un premier temps Athènes ne semblait pas vouloir utiliser ces données, jugeant que cette opération pouvait être assimilée à de "l'espionnage industriel".
Les responsables grecs ont aussi longtemps soutenu que ces informations avaient été obtenues illégalement et ne pouvaient pas être utilisées pour poursuivre les éventuels tricheurs fiscaux.